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L'habitatsaintongeaistraditionnel. |
N.B.:L'île d' Oléron est traitée séparément:
(Voir le diaporama sur les carrières de CRAZANNES) En Saintonge "on sait bâtir" depuis deux millénaires ; c'est un pays prospère sous l'empire romain ; période durant laquelle les occupants ont été bien acceptés par les santons. De nombreuses carrières de pierres à ciel ouvert sont mises en exploitation pour construire routes, ponts et édifices qui couvrent notre province. Ces carrières de pierres à ciel ouvert seront exploitées ensuite tout au long des siècles pour les constructions civiles, défensives, religieuses et les habitations. La pierre sera exportée au moyen âge en Angleterre et ensuite aux USA. Les roches crétacées du sous-sol en Saintonge s'accommodent bien de la taille et du polissage. |
L'héritage des romains: La pierre de taille est utilisée pour l'encadrement des portes et fenêtres des habitations privées mais surtout pour édifier les monuments publics, notamment les colonnes et corniches, ainsi que les sculptures, par exemple des chapiteaux. Le moellon ou bloc de pierre équarri utilisé pour le blocage interne des murs et les parements. L'enduit qui recouvre les murs pour les protéger de l'érosion. Le mortier composé d'une part de chaux éteinte (obtenue par la calcination de pierres calcaire qui donne la chaux vive qui additionnée d'eau donne la chaux éteinte) et de trois parts de sable de carrière ou deux parts de sable de rivière. Le chapiteaux sculptés dans les blocs de calcaire sont aussi l'héritage des romains et sont encore visible sur l'arc de Germanicus ou au musée archéologique de Saintes (disparu en 2022). Les romains ont aussi apporté la tuile en argile cuite devenue tuile "canal" et "tige de botte" aux tons roussis qui couvrent encore la plupart des bâtiments de la Saintonge (mais en fait elle ne fut réintroduite en masse qu'au XVII ième siècle.) Les romains ont aussi apporté la vigne et encouragé la cueillette des huîtres sauvages très prisées à Rome... Bref le paysage Saintongeais doit beaucoup aux romains... |
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Après
avoir été dévastée par les invasions
nordiques jusqu'au IX ième siècle, la
Saintonge devient une province prospère au XI
ème grâce aux monastères qui défrichent et
font prospérer l'agriculture puis devient
très prospère au XII ème grâce au commerce
du vin exporté en Angleterre, et au commerce du sel
indispensable pour conserver les aliments comme le choux, les viandes
et poissons. Le sel et le vin étaient exportés dans les pays du nord (Angleterre et pays de la HANSE) par
voies maritimes et par les terres en France et jusqu'en Suisse. De
nombreux ports du littoral dont La Rochelle et Bordeaux sont les
principaux, assurent la richesse de la grande Aquitaine.
Aliénor d'Aquitaine favorisera ce commerce en instituant les "Rôles d'Oléron"(*) un code maritime écrit vers 1154 lequel a régit le commerce jusqu'au XVII e puisque adopté par les marchands de la Hanse et de l'Angleterre. Il fait encore partie du Black Book of Admiralty. La SAINTONGE s'est couverte alors d'églises romanes et de prieurés dont quelques centaines partiellement préservés nous offrent leurs splendeurs. Durant cette période l'on apprend à choisir les pierres de taille les plus résistantes, les plus homogènes ou les plus aptes à la sculpture. |
Les épreuves La Saintonge souffre pendant la guerre de cent ans entre Anglais et Français puis pendant les guerres de religions mais elle maintiendra sa prospérité grâce au sel et à la vigne jusqu'à la révocation de l'édit de NANTES en 1685. La prospérité perdue La révocation de l'édit de Nantes est une catastrophe pour cette province dont les familles aisées sont huguenotes et majoritaires dans beaucoup d'arrondissements comme les îles, la presqu'île d'Arvert, Matha, Saintes, St Jean d'Angély, Jonzac. Une famille sur trois émigre clandestinement et le commerce périclite. La ruine viendra avec l'ère industrielle et le Phylloxéra: Le sel et les vins s'exportent malgré tout jusque vers 1875. Mais l'arrivée de l'ére industrielle et du chemin de fer ruine ce qui restait du commerce du sel. En effet l'industrialisation ne peut s'appliquer à nos salines et le transport par chemin de fer et les navires à vapeur favorisent le sel gemme étranger et les salines du midi. L'arrivée du Phylloxéra vers 1878 frappera le commerce du vin alors en plein essor mais renforcera l'industrie du Cognac qui possède des réserves et dont l'âge d'or se situe de 1890 à 1919. |
Le SEL et le
VIN, et surtout leurs commerces font la richesse de la SAINTONGE. Le sel est une énorme rente et source de richesse avec BROUAGE, l'île d'Oléron et le bassin de la SEUDRE. Richelieu sera gouverneur de BROUAGE pour capter cette richesse et ne pas la laisser aux mains des Rochelais qui sont de religion protestante. Cette richesse n'est pas étrangère aux guerres de religion d'autant plus que les navires chargés sont des proies faciles à capturer pour enrichir les trésors de guerres. L'intérieur des terres est le règne de la vigne, du vin, des eaux de vie jusqu'aux années 1875 à 1880. Le pays est riche et se couvre d'habitation en pierre de taille. Certains gros propriétaires se font construire de belles maisons bourgeoises avec toits mansardés et toiture en ardoise...Mais la crise du Phylloxera interrompra brusquement cet élan. La plupart des terres à vignes seront remplacées par des pâturages... et des cultures qui feront la renommée du beurre des Charentes. (Surgères verra la première coopérative laitière) Quant aux marais salant
qui ont changés de main à la
révocation de l'édit de Nantes puis de nouveau
à
la révolution lorsque les biens
des églises et de la
noblesse sont saisis; ils ont finis par
être
rachetés par des petits propriétaires qui les
convertissent à l'ostréiculture
au XXe siècle.
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La guerre de 1914 sera une aubaine pour l'industrie du Cognac
et des
eaux de vie car non seulement le poilu en consomme avant d'aller au front
et les infirmiers désinfectent mais surtout
l'industrie de
la poudre ( la poudre "B" inventée en 1884) en consomme tant
que
les prix flambent et que l'on doit importer du rhum....
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![]() Fermette vers Mirambeau |
Les années fastes de la construction massive d'habitations rurales se situent entre 1860 et 1913. Cet habitat suit les règles traditionnelles qui seront respectées jusqu'aux années 1960, mis à part les villas balnéaires. |
La Belle époque puis les congés payés puis les retraités du baby boom... La "Belle époque" verra la côte de beauté (autour de ROYAN ),
la baie de l'Aiguillon, Ronce-les-bains et Saint Trojan en
Oléron se hérisser de résidences
d'été qui obéissent à d'autres
règles dont les principales sont la recherche de lumière,
des balcons, des toitures pointues avec combles habitables pour les
domestiques, des perrons et jardins d'agréments, des
tourelles... avec force fantaisies et extravagance.
Les styles sont variés,
les charpentes bien qu'en bordure de mer sont apparentes et
décoratives, protégées cependant par des peintures
colorées. Certaines ont une allure "cottage" d'autres comportent
des fausses boiseries rappelant la Normandie ou le Pays Basque. La
brique et la céramique de couleur sont employés pour
rehausser les couleurs.
Les congés payés n'ont rien révolutionné jusqu'aux années 1960; mais dés lors l'immobilier en plein essor et l'industrie florissante du tourisme alliée avec l'installation massive des retraités fait évoluer rapidement les règles d'urbanismes et le style des habitations au détriment de notre traditionnel habitat rural qui disparaît phagocyté par les nouvelles résidences secondaires modernes qui sont l'habitat typiquement saintongeais d'aujourd'hui et de demain. |
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Un autre ennemi attaque la pierre Le vent
salin près des côtes ronge les pierres
tendres non
protégées par un crépi et fragilise
les murs de clôture ainsi que ceux des dépendances
qui emploient des pierres moins résistantes que celles des
maisons ou des édifices et sont souvent en pierres
apparentes.
|
La
SAINTONGE agricole
|
et sa ferme
SAINTONGEAISE
|
et la ville
ostréicole et maritime |
L'HABITAT DU BORD DES CÔTES:
|
C'est une maison
sans corridor avant 1850. |
La
maison d'avant 1850 est souvent à plusieurs volumes sans
aucun corridor
comme le montre les décrochements du toit de cette
habitation de Saint JUST de LUZAC Les portes sont
pleines et les volets
(appelés ici contrevents) sont de bois
généralement peints en
vert ou bien si l'on possède une lasse ou autre
type d'embarcation avec des restes de peintures
colorées tirant généralement dans les
bleus. On trouve aussi comme couleur le marron.
Les murs sont peints en blanc, les tuiles sont "tige de bottes" dans des tons variés d'autant plus que les lichens et petites plantes grasses s'y logent. |
Les
maisons des bords de mer sont
basses avec souvent un grenier sur le chai. Les fenêtres sont
plus
hautes
que larges ainsi que leurs carreaux qui sont au nombre de six, les
pierres d'encadrement sont en pierre de taille ainsi que les angles de
la maison. Les murs sont en moellons souvent
constellés de
pierres de lests en granit à proximité
des ports
d'où partaient sel ou vins. Les linteaux de la maison sont des pierres monolithes pour les plus anciennes et ne sont jamais en bois; ceux-ci sont réservés aux dépendances. Les toitures sont généralement en décrochement et la largeur de chaque maison est dictée par celle de la poutre maîtresse du toit. Les façades sont dépouillées de tout ornement, généralement chaulées. Les cheminées sont dans les murs latéraux de l'habitation. |
Les
ruelles des villages sont sinueuses et étroites pour
empêcher
les vents d'y prendre de la vitesse et le puits s'il n'est pas sur une
placette appelé "QUEREU", est généralement partagé
entre plusieurs maisons car l'eau non saumâtre est
précieuse. Le paysan est avant tout un vigneron, et le chai, le pressoir, et le parc à cochons ainsi que le poulailler seront répartis autour d'une cour entourée de murs bas en pierres sèches avec un hangar assez bas " le BALLET" pour y ranger le bois et le matériel. |
Le puits s'il n'est pas sur une placette ouverte appelé "QUEREU" comme ici est généralement partagé entre plusieurs maisons ou dépendances, à l'angle des murs mitoyens, chacun ayant accès par l'intérieur. |
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Ce type de maison perdure jusqu'au siècle suivant pour les plus défavorisés. |
Voici
encore une maison sans corridor à pièce unique un
peu plus haute car à mesure que l'on s'éloigne de
la côte, les vents sont moins violents. Il n'y a pas de chevrons apparents sur les maisons saintongeaises de bord de mer et pas ou peu de gouttières , les chevrons du toit sont cachés par une génoise et la taille de la fenêtre probablement à huit carreaux indique une date de construction autour de 1900 ou postérieure. Cette toiture rectiligne indique l'utilisation de chevrons issus d'une scierie moderne. L'évier sous la fenêtre a disparu au profit d'un évier en grès émaillé avec l'eau courante. Le carrelage utilisé devient plus rouge et moins épais et il fait généralement 20x20 cm. |
L'habitat
traditionnel du bord des côtes est celui du paysan de la mer
cultivant ses marais et ses parcs à
huîtres ou du paysan cultivant sa vigne tout en tirant un
complément de la mer. Il est constitué d'une maison basse d'une seule pièce surmontée parfois d'un grenier bas pour y entreposer les récoltes car chacun cultive toujours un lopin de terre fournissant patates, oignons, fèves, blé, garouilles, aulx, courgettes... La façade est orientée au sud et le mur ouest est généralement borgne car il reçoit la pluie et les vents dominants. Les murs extérieurs et intérieurs sont blanchis à la chaux et souvent une vigne court sur la façade. Les maisons sont plutôt basses sans corniche et sans génoise mais les chevrons du toit ne dépassent pas et restent dans le mur. Les toits sont à pente douce à deux versants et les tuiles sont des tiges de botte qui dépassent de la toiture celles en creux un peu plus pour éloigner le jet d'eau le plus possible tout en laissant le moins possible de prise au vent. Il n'y a pas de gouttières. |
A
L'INTÉRIEUR des TERRES
Vers St
Genis de Saintonge
une belle habitation de ferme à pièce
semi unique et façade en pierre de taille.
La porte orientée sud-ouest ouvre dans la cuisine avec
à
gauche un renfoncement dans le mur dépourvu d'ouverture ou
se
trouve l'évier encadré de ses deux pierres
latérales. (à présent l'on y trouve le compteur électrique!) La cheminée avec trumeau en pierre (il a été peint en vert). La pièce est carrelée avec des carreaux de terre cuite rouge de 20x20. Il n'y a pas de mur de séparation entre la partie chambre aux deux fenêtres et la cuisine en prolongement de la porte d'entrée. Cependant le sol n'est plus carrelé, c'est un plancher reposant sur des plots de pierres. L'ensemble est surmonté d'un grenier sans escalier intérieur, mais le mur ouest possède une ouverture plus grande permettant d'y accéder via une échelle. |
Il
n'y a pas de "prônes"
en SAINTONGE alors qu'ils sont communs en Angoumois. (Les "prônes" sont des portes en deux parties: le bas est fermé pour empêcher les poules d'entrer et c'est ouvert au dessus) . |
Pour être bien dans la
tonalité
voici un extrait d'une pièce crée en 1902 : La mérine à NASTASIE Acte I scène 1
Jh’étion yère cossut quand jhe nous son
accoubié tous deux, Cadet et moé ;
jh’étis
poin grousse madame et li, poin groû moncieu. Le vieux
Bitounâ, mon défint biâ père,
nous baillit,
en mariaghe, coume loghement, de vieux mazureau qui teniant pus,
follait accoté les mur avec des abourde peur
leu-z-oppousé de chère ; avec thieu,
trent’carra de
veugne, reinque en mauvais visant; in jhornau de boé dan in
fondreau, tout en brughère et en chàgne de
chétit
brulanghe ; ine goulée de pré, larghe coume mon
devanteau
et pien de parielle ! Ma définte mère (que le bon
Dieu la
voèye, bouneghen !) me baillit deux ouèye
beçoune,
pus meigre qu’in thiou et qui n’aviant, les paure
beite,
que la piâ sus les où ; ine tore
écornée,
troé pochée de méture,
moétié
bié moitié baillarghe ; trente valte de vin
peté
et la moétié dan in goret qui me fasit deux pot
de
greisse et troé de graton ; coume mobiyer : in cabinet en
bois
biant peur sarré nous paur’ mourène, in
vaiss’yer, in veille tab’ ine demi-dozaine de
cheise
boétouse et in châlit en cerisié, tout
manghé peur les cosson et qui craquait mé, mes
paur’-z-amit ! M’at-i dont fait jhuré
bein des cot
thieu foutut. châlit ! En fait que d’arghent,
jh’avion, entre nous aut’ deux, Cadet et
moé, jhuste
autant d’éthiu qu’in grapiâ at
de pieume. Eh
beun ! à force de ménaghé et
d’apiloté, jhe son, aneut, bein à
neutre affeire :
jh’avon de l’arghent de piacé,
dés terre me
que jhe peuvon n’en feire, jhe son grandement
loghé,
brève en in mot, jh’arion tout p’r
eit’
beneise.
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Le descriptif de la dot vers
1865 en patois Saintongeais! |
Vers Saint Germain du Seudre |
Vers
Saint Germain du
Seudre cette fermette sur cour ouverte présente
toutes les
caractéristiques du style régional: pas de gouttière bien que nous soyons à l'intérieur des terres, corniche et bandeau de pierre, grenier aux petites ouvertures carrées munies de persiennes en bois, porte pleine à deux vantaux avec imposte, pierres d'encadrement apparentes, mur crépis et chaulé, toit en pente douce couvert de tiges de botte... |
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Grange chai et étable vers St Germain du SEUDRE. Linteaux mixtes de bois ou de pierre pour l'étable, fenêtre cintrée pour le chai. Il n'y a pas de gouttières et le grenier _au-dessus du chai_ a des ouvertures à oeil de boeuf. |
habite
une maison de ce type dans le village:
Ce sont des maisons sans corridor
à pièce unique, sans corniches
par
économie. L'on aperçoit la
pierre de l'évier sous la fenêtre et l'on peut
voir que le grenier a une porte au raz du plancher au lieu d'une
fenêtre; c'est par-là que l'on
accédera à ce grenier via une échelle.
Les chevrons du toit sont visibles. Il
y a une gouttière. Les portes sont pleines . |
Le paysan modeste habite une fermette
avec ou sans corridor
comme celle-ci face à l'église de
THEZAC
C'était
la ferme d'un
métayer et elle a fait l'objet d'une
étude détaillée par Jean Suzanne
en
voici le plan:
face orientée à l'est parallèle à la rue |
Légende: 1.1
ancienne salle commune
1.3 salle commune 1.1.1 et 1.3.1 évier 1.2.1 accès au grenier 1.4 grange 1.5 étable 1.6 bergerie 1.6.1 parc à agneaux 1.7 remise ouverte 1.7.1 mangeoires 1.8 poulailler |
Située
à
THEZAC face à l'église déjà
inoccupée en 1978. THEZAC loge 560
habitants
vers 1850 , elle est très boisée
mais la
vigne a conservé encore quelques importance. THEZAC
est
à mi-distance entre Saintes et Royan et l' habitat est du
type
dispersé.
___________________________Les bâtiments de l'exploitation forment un seul édifice compact, s'ouvrant sur des façades sud-est et est, composé de trois bâtiments accolés, se distinguant par leurs toits. Le bâtiment principal, le plus important en volume, contient l'habitation et la grande étable. La maison est constituée par trois pièces occupant la partie est coté route: une salle commune, au sud, une chambre au centre, et une ancienne salle commune dont la dernière utilisation fut celle de cellier-débarras. L'étable ouvre au sud, en deux travées, parallèles à l'axe du faîtage: une aire de grange très large et une longue étable à l'ouest. Le second niveau, au dessus de l'habitation, contient deux greniers. Au dessus de l'étable, accessible depuis l'aire de grange il y a un fenil. La construction qui jouxte l'étable à l'ouest abrite une bergerie, dans laquelle est aménagé un réduit destiné à l'isolement des agneaux. Les pièces d'habitations ne communiquent pas avec les locaux d'exploitation. Extrait de " l'architecture rurale française" de Jean Suzanne Corpus des genres, des types et des variantes en POITOU pays charentais Éditions Berger Levrault 1981 _________________________________ |
LES
LONGÈRES:
Voici un autre type d'habitat plus
rare mais néanmoins traditionnel dit
"longère". Il est originaire du Bas-Poitou et on le
retrouve disséminé en Saintonge dans
les régions herbageuses. Les dépendances et l'habitation sont en enfilade. La "longère" n'a pas de corniches. |
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N.B. Les vendéens ont probablement apportés avec eux ce type d'habitat en Saintonge... | N.B. Dans les marais des fermes en longueur sont les vestiges des "cabanes" construites durant l'assèchement des marais pour héberger hommes et animaux et qui sont devenues des fermes agricoles ensuite. |
La maison à corridor
Après 1850 la maison d'habitation se dote d'un corridor et c'est celle que l'on rencontre le plus indifféremment près des côtes ou à l'intérieur des terres. Vers MIRAMBEAU Il se crée un style "Saintongeais" dont les caractéristiques seraient:
Un corridor central dessert d'un coté la cuisine et de l'autre une chambre avec une variante ou près de la cuisine une entrée à part permet d'accéder à une " souillarde". Au bout du couloir l'escalier dessert l'étage qui souvent n'est qu'un grenier. Une maison a deux étages ressemble toujours à celle-ci avec parfois disparition du grenier s'il n'est pas utile. Le grenier malgré les ouvertures est réservé à l'entreposage des grains, semences, oignons, aulx, patates, mojhettes etc... Les ouvertures du grenier sont l'expression de la richesse qui comporte soit des œils-de-bœuf soit des ouvertures demi-circulaires ou bien en losanges ou des fenêtres qui sont alors à quatre carreaux au lieu de six. Bien souvent de simples vantaux cachent l'absence de fenêtres... puisque le grenier doit être aéré. Selon sa richesse le propriétaire fera quelques aménagements décoratifs en plus de la traditionnelle corniche et du bandeau en pierres de taille: la gouttière sera parfois intégrée dans la corniche supérieure; des ouvertures cintrées; voir un toit à trois ou quatre pans mais l'ensemble reste sobre malgré-tout. Inutile
de rappeler que les maisons si elles laissent apparaître les
pierres d'encadrement ou de chaînage sont toujours
crépies pour éviter aux pierres de se
déliter, seuls les murs des dépendances
sont laissés parfois en pierres apparentes.
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Vers TALMONT La
maison d'un forestier
qui pourrait être celle d'un petit vigneron ou d'un ostréiculteur de la fin du XX ème siècle. La façade est orientée sud - sud-ouest et le mur ouest est borgne. La dimension des fenêtres indique une construction tardive mais d'avant 1900.
De chaque coté du couloir une chambre avec chacune une
petite cheminée en pierre sans trumeau de pierre, le conduit
est en petites briques de 20x10x5. Le sol des chambres est en parquet
sauf le couloir pavé de carreaux 20x20 à motifs
peints. Un escalier en bois au fond du couloir mène
à
l'étage d'une seule pièce qui sert de
grenier
pour les grains et réserves de légumes secs. Le grenier
a des volets mais pas de fenêtres.
Sur le coté droit une cuisine en prolongation du chai est dotée d'une porte et d'une fenêtre donnant à l'est. Elle possède une grande cheminée en pierres de taille et sous la fenêtre un évier émaillé blanc dont l'écoulement se fait à l'extérieur avec le tuyau de plomb dépassant du mur. La cuisine communique avec la chambre mais pas avec la souillarde qui partage pourtant le même appentis. Le réduit appelé " souillarde " permet d'entreposer au frais été comme hiver les denrées, salaisons, huile et graisses toutes dans des pots de terre avec couvercles, ainsi que la grosse vaisselle pour les gorailles, vendanges ou fêtes de famille. On y fait aussi la vaisselle dans une cuvette en fer étamé . La porte d'entrée était toujours pleine avec une imposte laissant pénétrer la lumière dans le couloir. Tous les contre-vents sont peints avec une couleur vert sombre. Autour de la maison un jardin potager pour les fèves, les salades, tomates et haricots avec près de l'entrée la fameuse cabane munie de sa planche trouée et de sa fosse dite d'aisance qui est un simple trou dans la terre. Un verger avec pommiers et cerisiers. A coté du jardin un parc à cochon de 5m sur 5 en pierres de taille et moellons, couvert de tuiles tige de botte comprend quatre parties en symétrie: une pièce sombre fermant avec porte de 2x2 m avec dans le mur une auge de pierre traversante et par devant une courette très aérée mais couverte dotée d'un portillon. Des rangs de vigne, champs de fourrage pour les chevaux, champ de patates et taillis forment le paysage alentour. Une écurie (c'est un exploitant forestier) de 20m de long en pierre de taille et moellons avec au dessus le grenier à foin se trouve à l'ouest de la maison sans la toucher et en prolongation un hangar en bois de type "ballet" pour les charrettes. Pas de murs mais des haies pour délimiter la propriété ainsi que pour les parties réservées aux volailles. Un tas de bois le long d'une haie pas trop éloigné de la maison complète le paysage. Jadis un pin parasol indiquait au XIXe un propriétaire d'origine protestante chez qui l'on pouvait se réfugier, certains ont maintenu cette tradition. ![]() |
___fermette
fin XXe_________________
___La
Longère aussi aura son corridor___
L'on
voit ici la disposition en ligne: habitation, grange à foin
pour les animaux et l'étable.
L'espace
est ouvert, dans la cour d'autres bâtiments mineurs abritent
les
volailles et les cochons.
Ce
sont des habitations pour des paysans modestes pratiquant
l'élevage ou la production laitière
donc
sur des terres non favorables à la vigne ou aussi sur
d'anciennes
terres à vigne
vendues
lors de la crise du Phylloxéra à des
vendéens qui ont importés leur
habitat.
Ce type d'habitat ne se rencontre pas en Saintonge maritime ou côtière.
LES DEMEURES BOURGEOISES:
Une
façade en pierre est signe de richesse
![]() Maisons bourgeoises |
Le style Saintongeais néanmoins persiste en ville: |
L'on retrouve ici le style si caractéristique avec son grenier à œils-de-bœuf ou semi-circulaires dans ce qui fut probablement un commerce : ( NB:les pierres verticales dans les ouvertures semi-circulaires des combles sont des consolidations de fortune) |
___________________________________________________________________________ Cette collectivité entre Saintes et Crazannes a adopté élégamment le style saintongeais. ___________________________________________________________________________ |
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LES DOMAINES & DEMEURES VITICOLES
De grandes propriétés viticoles se construisent vers 1850: Des porches cachent la
propriété
C'est l'entrée
principale de la ferme viticole ( et pas seulement en Saintonge) Quelquefois comme ici, le porche est surmonté d'un pigeonnier.
Vers 1850 la maison de
maître en
pays producteur de cognac est Une telle disposition implique
l'absence d'animaux d'élevage. Et plus tard le portail sera plus aristocratique: Portail monumental courant en pays producteur de COGNACS réputés. La porte piétonnière est séparée de l'ensemble ci dessus.
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Ferrure de volet déportée | Arrêt
de volet faisant crochet de l'autre coté. (à éviter le fer dans la pierre calcaire, les anciens avaient des gonds en bronze !!) |
Les
volets avec une barre en "Z" sont légions, faciles à faire soi-même, mais les
véritables volets à l'ancienne sont avec deux ou trois
barres horizontales, soit encastrées totalement comme ci-dessus, soit encastrées elles-mêmes dans les
planches verticales au moyen de saillies trapézoïdales en
sens inverse. Les barres horizontales elles-mêmes étant
trapézoïdales dans le sens de la longueur et ainsi enfoncées à force et
coupées ensuite. Cet assemblage permettait de se dispenser de
vis ou de clous métalliques coûteux pour réaliser
portes intérieures, portes de placards ou armoires et volets.
Les seules partie en fer étant les ferrures et charnières. Le bois
était abondant et bon marché tandis que le fer
nécessitait un plus lourd investissement car il venait de loin
par colportage ou était forgé par le
maréchal-ferrant local. |
Le ballet pour abriter les charrettes et matériels agricoles |
Les bâtiments agricoles étaient soit accolés à l'habitation soit groupés autour d'une cour centrale. Parfois de l'autre coté du chemin rural desservant la propriété. Les matériaux employés reprennent ceux de la maison d'habitation: murs en moellons apparents, toitures en tuiles tige de botte volumes et couleurs en harmonie. Les piliers porteurs étaient soit carrés en pierre de taille parfois cylindriques en moellons comme ci-dessous et souvent de simples poteaux en bois posés sur des pierres de taille. |
Dans le sud Saintonge on trouve aussi la forme halle qui abrite l'ensemble des animaux dans des espaces séparés avec le foin au dessus et au centre le matériel |
Les
pieds de façades sont courants et permettent de rejeter voir
drainer les eaux loin des fondations. On les trouve en pierres posées à plat, en petites pierres posées sur chant et formant caniveau. |
Bibliographies:
Restauration exemplaire d'une maison saintongeaise: Maison Paysanne de France N°143 I trim. 2002.
Visages de l'AUNIS, de la SAINTONGE de
l'ANGOUMOIS: Éditions horizons de France 1952 (probablement
épuisé)
Val de Loire_Vendée_Poitou_Charentes_ maisons-meubles-objets. aux Éditions de l'illustration _1981
Musées à visiter en SAINTONGE
SUITE:
l'habitat
Oleronais
La maison paysanne (par André Botineau fondateur des musées à Grand-Village) en pdf
Autres sites :
Le guide pour la restauration d'une maison en Saintonge: http://caue17.com/wp-content/uploads/2014/04/charte-VDS_200.pdf http://www.pierreseche.com/maisons_nef_charente.htm fin de la page sur la maison saintongeaise. _2008_rev Oct 2018/juillet 2019/nov2023 ajout maisons paysannes |