"La
chançon dau mes" pour
les
petits et les grands d'
Antoine Paucard
dans un extrait de collectage redifusé
au " Café de la Paix" à TULA le
14 dec
2016
Il chante les parties en gras avec parfois d'autres paroles
que celles ci-dessous.
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La Chançon dau mes
Quò
es to mes de genier, que fai bon far to
cantonier Quand la
nèu n'a crobert ta chanabal mai lo coderc. Que fai bon
lo ser se chaufar t'artelh Quand bufa lo
vent jos los contravents, Las vielhas e
los vielhs que sabon daus contes noveus En velhant
tos diràn, en escalofant los iròus.
Lo cort mes
de bélier que nos fai còrrer ei
polalher Chau plumar
pola, jal per poder bian far Carnaval. Chascun a son
torn chaufarà lo forn Per
còser tartas, pastis, potets e rostits. Prenam un
moment de plaser, chas los paisans, Cassam mas
bian la crosta un còp per an.
Dins lo temps
quò era Març qu'era lo bon dieu dei
solard. Cresam
qu'aquestes temps lo vrai bon dieu quò es l'argent. Malurosament,
quò es be tròp certain Tant que lo
monde viurà, l'om se tabolarà O ! Soldards
mos amics, protejatz-nos de l'ennemic Peus
Prussiens ne chau pas, tot a fait se laissar minjar.
Abrial per
los paisans, quò es lo retorn dins los champs. Prenetz
vòstre bigòs, l'auselon chanta dins los
bòscs. Los poms, los
randaus somblon daus rampaums, Los prats
d'alentorn son croberts de flors. Las filhas e
los garçons se'n van a l'ombra daus boissons. E lo cocut de
retorn chanta de novelas amors.
Dison que
chau gitar alai tot çò que nais lo mes
de mai leu crese
qu'an bian tòrt aqueus quez'assegüron
tròp fòrt. Pendent aquel
mes tot se rejauvis, tot lo long dei riu l'ausel fai son
niu. Mai l'ase
quoique charjat dejòs sa cuessa de blat, En t'anant ei
molin, ne'n fai petar lo porret
E revira un coptet a sa charmanta Rosalie.
Junh, sautaz sus los dalhs, l'erba es madura dins los noaus.
Fasetz lo dejunar Margòt vos chaudrà anar fenar.
Prenetz doas forchas de mai
Que Joanton e François, çai son venguts nos
aidar.
Aqueus dos bravas gents nos en fenaràn be quauques rengs.
Chascun son javiiher, ablandatz coma daus pairolhers.
Dins lo mes de julhet, se'n van François mai la
Fançon.
La Mion per darrer sec be tot-parer
Fai be çô que pot, mai traina ta coá.
Messiers despecham-nos, chau be que deman çai siam tots
Se volem aver chabat per anar a la fiera a Selhac.
Las labors dei mes d'aòst esparnhan las puas daus
bigòs
Mas fai be tan chalor que lai chau pas 'nar prep miegjorn.
Prenetz donc un pauc, paisan de repaus
Laissatz jos los brials bufar ios bestiaus.
Sent-Ròc es de retorn, quò es la vòta
a Sent-Sauvador,
La Joanòta e Pierolet 'niràn jugar dei virolet.
Setembre mes daus fruchs, e son tots bons cuechs o cruts :
Pomas, peras, prossels, mai bian d'autres que coneissetz.
Qu'un nais aquel mes n'amarà lo vin,
leu ne'n sei pas e mai lo gete pas lai.
Se i a bian daus rasims, chantam a-de-guè siam contents !
A la toá mon Liaunaron, bevem-ne'n n'autre timaron !
En octòbre samenam lo froment que nos chau per d'ueinan
Si volam l'agrament d'aver per botar jos la dent.
Jos lo vent dei nòrd, tot secha, tot mort,
Las fuelhas biantòst crobiràn los
bòscs.
A l'apròcha de l'ivern l'Annà fai virar lo fusel
Chaudrà portar a Treinhac téncher son gonelh de
penha.
Novembre triste sòrt es apelat lo mes daus mòrts.
leu crese que d'abòrd, chau l'apelar lo mes daus vivants.
Sabam be que tots laissarem los socs.
Per aquel afar ne chau pas se'n far.
Quand vendrà aquel jorn de dire "adieu" aus amors,
N'agem pas de regrets, chaudrà be los laissar tot-parer.
En decembre qu'un nais vendrà cent ans mai benleu mai,
Bian drobert de cervel, zo serà b ' aussi de gorjarel.
Lo pair dei bon dieu, l filh Jòfre e ieu
Tots tres naisseguem lo mes de l'Avent
Tot nos reüssis bian, avem un marmòt tots los ans.
Masdamas e Messiers, ieu vos sovete enquera mielhs.
La chanson des mois
C'est Le mois de janvier, qu'il fait bon au coin du feu
Quand la neige a recouvert la chènevière et le
« coudert »
Qu'il fait bon le soir se chauffer l'orteil
Quand souffle le vent dans les contrevents ,
Les vieilles et les vieux qui connaissent des contes nouveaux
En veillant nous les diront, en épluchant les marrons.
Le court mois de février nous fait courir au poulailler
II faut plumer poule, coq pour pouvoir faire Carnaval.
Chacun à son tour chauffera le four
Pour cuire tartes, pâtés, poulets et
rôtis .
Prenons un moment de plaisir, chez les paysans,
Nous ne faisons ripaille qu'une fois par an.
Dans le temps c'était Mars qui était le dieu du
soldat.
Nous croyons qu'actuellement le vrai bon dieu c'est l'argent.
Malheureusement, c'est bien trop certain
Tant que le monde vivra, on se bagarrera.
Oh ! Soldats mes amis, protéqez-nous de l'ennemi
II ne faut pas complètement se laisser manger par les
Prussiens.
Avril pour les paysans, c'est le retour dans les champs.
Prenez votre « bigos », l'oiseau chante
dans les bois.
Les pommiers, les haies semblent des bouquets,
Les prés alentour sont recouverts de fleurs.
Les filles et les garçons vont à
l'ombre des buissons.
Et le coucou de retour chante de nouvelles amours.
On dit de jeter tout ce qui naît au mois de mai.
Moi je crois qu'ils ont bien tort ceux qui l'affirment trop fort.
Au cours de ce mois tout se réjouit, tout le long du ruisseau
l'oiseau fait son nid
Et l'âne bien que chargé sous son gros sac de
blé,
Tout en allant au moulin, il est en grand émoi
Et adresse un couplet ò sa charmante Rosalie.
Juin, sautez sur les faux, l'herbe est mûre dans les
prés .
Préparez le déjeuner Margot il vous faudra aller
faner.
Prenez deux fourches de plus
Car Jantou et François sont venus nous aider.
Ces deux braves garçons en faneront bien quelques rangs.
Dans le mois de juillet, s'en vont François et la Fanchon.
La Million derrière suit bien quand même
Elle fait bien ce qu'elle peut, restant en arrière.
Messieurs dépêchons-nous, il faut bien que nous
soyons tous ici
Si nous voulons avoir fini pour aller à la foire de Seilhac.
Les labours du mois d'août épargnent les dents du
« bigot »
Mais il fait si chaud qu'il ne faut pas y aller juste à midi.
Prenez donc un peu, paysan, de repos
Laissez sous les talus souffler le bétail.
Saint Roch est de retour, c'est la fête
à Saint-Salvadour.
La Jeannette et Pierroulet iront jouer au tourniquet.
Septembre mois des fruits, et ils sont tous bons cuits ou crus :
Pommes, poires, pêches, et bien d'autres que vous connaissez.
Celui qui naît en ce mois aimera le vin,
Moi je n'en suis pas mais je sais l'apprécier.
S'il y a beaucoup de raisin, chantons, nous sommes contents !
A la tienne Léonard, buvons-en un autre gobelet !
En octobre nous semons le froment nécessaire pour l'an
prochain
Si nous voulons avoir le plaisir d'en manger.
Sous le vent du nord, tout sèche, tout meurt,
Les feuilles bientôt recouvriront les bois.
A l'approche de l'hiver l'Anna fait tourner le fuseau
II faudra apporter teindre son jupon de laine àTreignac.
Novembre triste sort est appelé le mois des morts.
Je crois qu'avant tout il faut l'appeler le mois des vivants.
Certes nous savons que nous laisserons tous les sabots.
Pour cela il ne faut pas s'en faire.
Quand viendra le jour de dire adieu aux amours,
N'ayons pas de regrets, nous devrons bien les laisser tout de
même.
Qui naît en décembre deviendra plus que centenaire,
Bien développé du cerveau, il le sera aussi du
gosier.
Le père du bon dieu, le fils Joffre et moi
Tous les trois nous sommes nés dans le mois de I'Avent.
Tout nous réussit bien, nous avons un enfant tous les ans.
Mesdames et Messieurs, je vous souhaite de faire encore mieux.
La
Chanson des mois
d'Antoine Paucard La
chançon daus mes (version d'Henri
Martinie)
Antoine Paucard né à St Salvadour en 1886 est une
« figure » du pays, connu pour
l'activité culturelle que - sa vie durant - il n'a
cessé d'avoir, attaché à cette
société paysanne collective dont il
était issu comme à l'identité de ce
pays qu'il a chanté à travers de nombreux
écrits et surtout d'innombrables chansons parfois
revendicatives, parfois drôles et parfois nostalgiques.
Maçon et tailleur de pierre, il avait l'habitude
à la fin de chaque chantier de créer une chanson
sur la famille qui l'avait employé.
On dit même
que la chanson faite, une copie de celle-ci était
enfermée dans une bouteille et encastrée dans le
mur de la maison en voie d'achèvement.
La plus célèbre de ses chansons reste «
La Chanson des mois » écrite au lendemain de la
première guerre mondiale qui est en quelque sorte un petit
almanach de la vie au pays. La chanson a été
remaniée par lui-même notamment le couplet qui
stigmatisait « Le Prussien » mais elle a
été beaucoup reprise, et parfois
modifiée, par de nombreux interprètes locaux qui
l'ont chantée comme l'hymne du pays.
Son petit musée à St Salvadour où il a
rassemblé les personnages sculptés dans la
pierre, fruits de son imagination, du souvenir des personnages
célèbres ou des figures familiales qui ont
marqué sa vie, comme son « rocher »
posé au bord d'une route qui mène au bourg de St
Salvadour témoignent de la prolifique activité de
ce poète et artiste singulier du Pays de
Seilhac.
(SVP
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Les textes ainsi que la version d' Henri Martinie
sont extraits du livret sonore: