L'église
romane de MOINGS
en SAINTONGE
Texte intégral de
Charles CONNOUË
Photos: Alain DELIQUET

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Commune du Canton de JONZAC (à 7 kms au Nord-Est de Jonzac)
L'église
de Moings, dédiée à saint Martin, inscrite
à l'inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques
(1946) possède un des plus curieux clocher de la région
et même de la Saintonge.

Non
qu'il s'impose par une particulière élégance,
(carré, court et trapu, beaucoup sont, au point de vue de la
beauté des lignes, mieux dotés que lui) mais sa
décoration très spéciale en fait un monument
unique en son genre dans la province et sans doute bien au delà.
Son
étage — il n'en possède qu'un —
surmonté d'un toit presque plat, posé sur une corniche
à billettes et à modillons peu ou pas
décorés, a reçu, appliqués l'un sur
l'autre, DEUX ensembles d'ornementation, dont un seul aurait suffit
à rendre le clocher intéressant.
Chaque face a tout
d'abord été percée de deux fenêtres
ornées de colonnettes et sur chaque angle largement abattu,
d'une semblable, ouvrant ainsi 12 fenêtres très
rapprochées sur un clocher de dimensions modestes, ce qui
constitue déjà une disposition remarquable. Mais le
maître d'œuvre ne s'est pas arrêté là...

Cet
étage si bien ajouré, il l'a ceinturé d'une haute
et belle arcature ininterrompue. Sur tout son pourtour il a, en effet,
posé, plaqué une suite de cintres et de colonnes : quatre
cintres sur les plats et deux sur les angles, portés par des
colonnes alternativement doubles et simples. Ces dernières
coupent en avant le vide des fenêtres et les cintres sont
accompagnés d'un vigoureux cordon de pointes de diamant. Les
chapiteaux lisses ou annelés, comme certaines colonnes, ont des
tailloirs garnis de dessins géométriques.
En
définitive ce clocher percé de 12 ouvertures est
orné de 36 cintres plus ou moins travaillés, de 24
petites colonnes et de 36 grandes,
soit : 60 colonnes au total pour un seul étage!
Chiffre jamais rencontré dans une église rurale; Fenioux même n'en aligne pas autant.
Or, cet étonnant chef-d'œuvre de l'art roman est à peu près inconnu.

La
haute souche carrée sur laquelle s'élève cette
remarquable construction est percée au Nord et au Sud d'une
fenêtre romane à colonnettes encadrée d'un grand
arc en plein cintre. Elle se termine par un fin cordon de billettes.
Le
chevet, relativement modeste et d'un modèle plus courant, n'en
mérite pas moins l'attention. Demi-circulaire, il est
divisé en cinq aires, deux très étroites pour le
chœur, trois pour l'abside séparées par des
colonnes adossées à des pilastres plats. Ces colonnes
portent une corniche à modillons. Entre les pilastres sont
tendus de larges arcs en plein cintre qui encadrent de grandes
fenêtres à colonnettes.

La
façade à pignon, reconstruite comme la nef, n'a pas
d'autre décoration qu'une triple, mais très simple
arcature au rez-de-chaussée. Porte et baies aveugles, aux
cintres ornés de dents de scie,

ont aussi un cordon torsadé.
Au Nord est appuyée une grosse tour d'escalier carrée avec fenêtres en meurtrière.

A
l'intérieur où l'on descend par plusieurs marches, de
judicieuses restaurations ont été effectuées en
1953. La nef sans séparations, a de simples ouvertures
cintrées, mais le creusement du sol a mis à jour des
bases d'anciennes colonnes

et
des grattages ont fait apparaître une belle litre avec nombreux
écussons en couleurs (familles de Montuié et du Chilleau)
ainsi que des peintures murales.

Le
faux carré, couvert d'une coupole sur pendentifs, est
cantonné de quatre grosses colonnes à chapiteaux lisses
(peints eux aussi d'armoiries) adossées à de forts
piliers.
Une arcature à cinq cintres, encadrant trois
fenêtres romanes complète la décoration de
l'abside. Les colonnes s'élèvent sur une banquette
circulaire.
Le chevet est très sensiblement incliné vers la gauche.
Remarquer
près de la porte auxiliaire une petite cuve de bénitier
garnie sur toute sa surface ronde de feuillages et de fleurs dont le
dessin et l'exécution sont spécifiquement romans.
(Les graffiti étaient sous un crépis à l'époque)
____________________Fin du texte de Charles CONNOUË
Les églises de SAINTONGE
livre 5 épuisé
édition:
R.DELAVAUD (Saintes)
avec leur aimable permission._______________________________
Le panneau devant l'église de MOINGS

"LES GRAFFITI du XIIe de l'église de MOINGS"
"Les
graffiti qui se voient dans église de MOINGS forment, par
l'ancienneté et l'ampleur de leur développement,la
composition iconographique et la variété des figures un
ensemble qui paraît n'avoir nulle part ailleurs
d'équivalent.
Les incisions s'étalent, à ta
moitié inférieure des murs nord et sud entre les
pilastres délimitant le choeur, sur deux bandes rectangulaires
approximativement longues de 4.25 m. larges de 1.30 m dont ta base
s'étend à 0.35 m au dessus du sol Cet ensemble de dessins
gravés à l'aide d'un instrument ,métallique
très dur date très vraisemblablement de 1130 -1140, c'est
à dire du moment où !'église primitive, consistant
en une simple-nef qui existait à l'extrême fin du
Xl e siècle, est agrandie et fort embellie par la
construction
du choeur, du clocher et de 1' abside actuels.
La
facture des graffiti revêtant une véritable unité,
il est clair qu'ils ont été exécutés par un
auteur unique, qui a tracé sur le mur sud une véritable
«bande gravée », très proche des miniatures
qu'on voit dans les manuscrits de la même époque,
après s'être exercé peut-être sur le mur
nord, où les dessins sont très variés.
Ces
graffiti dont te caractère laïque est évident ont
été tracés à l'intérieur de
l'église et leur exécution a nécessairement
été longue. Il est vraisemblable qu'ils sont
l'oeuvre d'un des artisans qui participaient à la
construction, sans doute un apprenti qui s'exerçait à
reproduire des modèles empruntés aux thèmes
iconographiques alors familiers aux dessinateurs, aux sculpteurs
et aux peintres contemporains. Autrement dit,les murs de
l'église de Moings auraient servi d'album à un jeune
homme associé au maître d'oeuvre, aux qualités
professionnelles hors de pair, qui construisit l'abside et le clocher
tout à fait remarquables d'une petite église de campagne.
L'auteur
des graffiti savait d'avance que les traits qu'il incisait dans ta
pierre seraient bientôt recouverts (et il pouvait croire que
c'était à jamais) d'un enduit sur lequel on peindrait des
figures pieuses. Les traces des enduits successifs subsistent en effet.
C'est en 1953 seulement que les travaux de restauration
effectués dans 1' église ont mis au jour un ensemble
iconographique unique en son genre."
_Texte intégral d'un des panneaux placés dans l'église_



A gauche deux groupes de cavaliers qui s'affrontent
A droite deux constructions reliées séparés par une rivière
La première forteresse munie d'une large porte montre 3 tours de guet
La
deuxième montre un donjon à l'intérieur, une
double enceinte précédée d'une palissade et aux
alentours des cavaliers à l'assaut



Remarquez les paons !!
Voici
quelques originaux: en effet les graffitis mis en évidence
ci-dessus avec du rouge sont des moulages présentés dans
l'édifice.
Les originaux étant protégés
 |
Un cavalier |

|
Cavalier portant un gonfanon
en arrêt brutal semble t-il! |

Le château fort avec ses tours de guet, dont une haubanée au milieu.
On y voit un guetteur sonner du cor.
Recherche d'un lien historique pour les scènes représentées:
Entre 1130 & 1140 il n'y a pas de combats dans les environs, cependant vers 1139 c'est la guerre en SAINTONGE:
Geoffroy
Martel comte d'Anjou , fils de FOULQUE-NERRA a épousé la
troisième femme veuve du duc d Aquitaine Guillaume V de
Poitiers, ce qui lui donne des prétentions et partisans en
Saintonge alors qu'elle revient à Guillaume VI le gros, fils du
prince.
C'est la guerre.
Guillaume VI le gros est vaincu, et fait prisonnier à la bataille St Jouin de Marnes il meurt le 15 de 1038 sans descendants.. Son frère Othon est tué en assiégeant Mauzé.
L'héritier naturel est son
frère Eudes qui est à Bordeaux il fait valoir ses droits et est
investi par l'Achevèque de Bordeaux en l'église St Seurin. Il a 26 ans,
il est déjà duc de Gascogne depuis 1036.
Geoffroi Martel pendant le
temps qu' Eudes fait valoir ses droits attaque le Poitou et Agnès fait
prendre à son fils le titre de comte du Poitou. Eudes réunit une petite
armée de Gascons et franchi la Sèvres à Niort, le seigneur de Parthenay
lui est hostile mais avant de s'y rendre il se heurte à une garnison
d'Angevins au château de Germond.
Les prétentions de Geoffroy Martel deviennent réalité et pour se faire accepter il fonde l'abbaye aux dames sur les lieux ou s'élevait autrefois l'abbaye de Saint Palais.
La Saintonge passe ainsi aux mains des Angevins....
Personnellement je favoriserai plutôt la période qui a vu la guerre en SAINTONGE vers 1174-1180,
dont voici quelques faits:
1174-1178:
Richard en campagne en POITOU et GASCOGNE. En 1174 Henri II rentre dans
Saintes en conquérant ou son fils Richard s'est
retranché. Il s'empare successivement du pont du capitole
et de la cathédrale que les assiégés ont
transformés en place forte. Il fait prisonniers soixante soldats
et 400 archers. Cependant Richard se replie sur Taillebourg. Les
dégâts sont considérables puisqu'un acte du cartutaire
mentionne "privilèges après la destruction de Saintes "
et ailleurs "lorsque Henri roi d'Angleterre détruisit presque la
ville de Saintes un moulin de l'abbaye fut démoli et
pillé..
1178 Richard cœur de lion fait raser le
château de PONS et reconstruit par Geoffroy, son allié,
qui termina le donjon dès 1187 (base de 25m x14m et 30 de haut).
De cette époque datent probablement les donjons de Broue (15m de
largeur et 20m de haut en ruine) de l'Islot 11m x11m de base sur 17 de
haut) et de Montendre et Montguyon.
Ceux qui voudraient approfondir le coté historique peuvent consulter mon fichier excel : Chronologie
 
Situation de MOINGS au Nord-Est de JONZAC

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