Quelques extraits du

" Guide du pèlerin"

d'après le Codex Calixtinus

écrit  probablement par "Aimery Picaud"

un moine saintongeais  

au XIIe siècle.



pelerins carrefour à PONS

Le "Guide du pèlerin" est à l'attention des  pèlerins en partance pour Compostelle, écrit en latin, il est daté du  XIIe siècle. 
C'est un guide Michelin avant l'heure.


Et comme il était entré dans une ville appelée SAINTES, il la vit de toutes parts très bien enserrée dans des murailles antiques, décorée de tours élevées, occupant une situation magnifique, de dimensions parfaites en longueur et en largeur, prospère en tout et regorgeant de victuailles, bien pourvue de belles prairies et de claires fontaines, traversée par un grand fleuve, fertile en jardins, vergers et vignes aux alentours, jouissant d'un air salubre, pourvue de places et de rues agréables, charmante à tous égards;



Éloge  de la ville de SAINTES mélangée avec une  vie extraordinaire de Saint Eutrope...quelle "pub" pour SAINTES !

Notre moine avait-il des projets pour faire carrière à SAINTES ?

 ou bien le lobbying des marchants de vin était-il si influent à l'époque pour vouloir faire de SAINTES 

une ville étape importante sur le chemin puisqu'il  est sous-entendu que c'est l'endroit idéal pour reprendre des forces avant d'affronter les Landes et le Pays Basque ?!

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L'ensemble de l'oeuvre est appelé "Liber Sancti Jacobi", ou encore, "Codex Calixtinus", en raison de sa préface attribuée au pape Calixte II .
Il se décline en cinq livres :
 le Livre I concerne toute la liturgie (offices, sermons...) en l'honneur de saint Jacques;
 le Livre II fait état des miracles obtenus grâce à lui (et Ils sont nombreux);
 le Livre III (Livre de la Translation) raconte son martyre et sa venue miraculeuse en Espagne;
le Livre IV parle de Charlemagne et de Roland;
ENFIN LE LIVRE V EST  CONNU SOUS LE VOCABLE "GUIDE DU PÈLERIN"


Le "Guide du Pèlerin" comprend XI chapitres :

Quelques extraits ..de ce fameux "GUIDE DU PELERIN".



Les routes

nouveau chapitre:

Seules deux villes en Saintonge sont nommées comme  étapes:

St-Jean d'Angély et

Saintes. 

(Ni Aulnay, ni Pons )

Aucune allusion à des chemins de traverse ou par bateau ou longeant la côte. PONS n'est pas citée ce qui est peut-être normal puisque l'hôpital date du XIII .


Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule à puente la Reina, en territoire espagnol; l'une passe par Saint- Gilles (du Gard), Montpellier, Toulouse et le Somport; une autre par ND du Puy, Sainte Foy de Conques et Saint Pierre de Moissac; une autre traverse Sainte Marie Madeleine de Vezelay, Saint Léonard en Limousin et la ville de Périgueux; une autre encore passe par Saint Martin de Tours, Saint Hilaire de Poitiers, Saint Jean d'Angély, Saint Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux.......


compostelle


On parle beaucoup des poitevins, peu des saintongeais sinon de leur parlé
ensuite c'est pas reluisant pour les gascons...et les basques...






....La route du port de Cize, quand à elle, traverse, après la Touraine,
le pays poitevin actif, excellent et pleins d'agréments.
Les Poitevins sont des gens vigoureux et de bons guerriers, habiles au maniement des arcs, des flèches et des lances à la guerre, courageux sur le front de bataille, très rapides à la course, élégants dans leur façon de se vêtir, beaux de visage, spirituels très généreux, larges dans l'hospitalité. 
Puis
on trouve le pays saintongeais; de là après avoir traversé un bras de mer et la Garonne, on arrive dans le Bordelais ou le vin est excellent, le poisson abondant, mais le langage rude.
Les saintongeais ont déjà un parler rude, mais celui des Bordelais l'est d'avantage. Puis, pour traverser les Landes bordelaises, il faut trois jours de marche à  des gens déjà fatigués.   






Les gascons
  sont légers en paroles, bavards, moqueurs, débauchés, ivrognes, gourmands, mal vêtus de haillons et dépourvus d'argent



....
Puis, pour traverser les Landes bordelaises, il faut trois jours de marche à  des gens déjà fatigués.   
C'est un pays désolé, où l'on manque de tout ; il n'y a ni pain ni vin ni viande, ni poisson, ni eau, ni sources; les villages sont rares dans cette plaine sablonneuse qui abonde cependant en miel, millet, panic
(sorte de millet) et en porcs (sauvages).
Si par hasard, tu traverses les Landes en été, prends soin de préserver ton visage des mouches énormes qui foisonnent surtout là-bas et qu'on appelle guêpes ou taons ; et si tu ne regardes pas tes pieds avec précaution, tu t'enfonceras rapidement jusqu'au genou dans le sable marin qui là-bas est envahissant.
Après avoir traversé ce pays, on trouve la Gascogne, riche en pain blanc et en excellent vin rouge, elle est couverte de bois et de prés, de rivières et de sources pures. Les Gascons sont légers en paroles, bavards, moqueurs, débauchés, ivrognes, gourmands, mal vêtus de haillons et dépourvus d'argent ; pourtant, ils sont entraînés aux combats et remarquables par leur hospitalité envers les pauvres. Assis autour du feu, ils ont l'habitude de manger sans table et de boire tous au même gobelet.
Ils mangent beaucoup, boivent sec et sont mal vêtus; ils n'ont pas honte de coucher tous ensemble sur une mince litière de paille pourrie, les serviteurs avec le maître et la maîtresse.







La traversée d'une rivière est une aventure !

...et les bateliers profitent des pèlerins!



En sortant de ce pays, le chemin de Saint-Jacques croise deux fleuves
qui coulent près du village de Saint-Jean de Sorde,  l'un à droite l'autre à gauche ; l'un s' appelle gave, l'autre, fleuve; il est impossible de les traverser autrement qu' en barque. Maudits soient leurs bateliers !En effet quoique ces fleuves soient tout à fait étroits, ces gens ont cependant coutume d'exiger de chaque homme qu'ils font passer de l'autre côté aussi bien du pauvre que du riche, une pièce de monnaie et pour un cheval, ils en extorquent indignement par la force, quatre. Or leur bateau est petit, fait d'un seul tronc d'arbre, pouvant à peine porter les chevaux ; aussi quand on y monte, faut-il prendre bien garde de ne pas tomber à l'eau. Tu feras bien de tenir ton cheval par la bride, derrière toi, dans l'eau, hors du bateau, et de ne t'embarquer qu'avec peu de passagers, car si le bateau est trop chargé, il chavire aussitôt.
Bien des fois aussi, après avoir reçu l'argent, les passeurs font monter une si grande troupe de pèlerins, que le bateau se retourne et que les pèlerins sont noyés ; et alors les bateliers se réjouissent méchamment après s'être emparés des dépouilles des morts.








...et quelques mots sur les basques


Puis, aux alentours des ports de Cize, se trouve le pays basque, dont la grande ville, Bayonne, est située au bord de la mer vers le nord. Ce pays dont la langue est barbare, est boisé, montueux, pauvre en pain, vin et aliments de toutes sortes, mais on y trouve en compensation des pommes, du cidre ("sicera" qui peut être soit du cidre soit des pois chiches) et du lait.
Dans ce pays, il y a de mauvais péagers, à savoir auprès des ports de Cize, dans le bourg appelé Ostabat, à Saint-Jean et Saint-Michel-Pied-le gave de Pau. 




Reliques des saints à révérer en cours de route:
TOURS

.....en ces termes : « Ce n'est pas à cause de la sainteté d'un saint prêtre que le sacrifice est meilleur, ni en raison de la malice d'un mauvais qu'il est moins bon. »
Ce calice est en général toujours à la disposition des fidèles qui le demandent pour communier, à l'église Sainte-Croix, que ce soit des gens du pays ou des étrangers.
Dans cette même ville (TOURS), il faut aussi aller vénérer les reliques du bienheureux Euverte, évêque et confesseur et il faut aller voir dans cette même ville à l'église Saint-Samson , la patène qui a véritablement servi à la Cène.
On doit également sur cette route rendre visite, sur les bords de la Loire, au vénérable corps de saint Martin évêque et confesseur. C'est là qu'il est, lui qui ressuscita glorieusement trois morts et rendit à la santé qu'ils souhaitaient, lépreux, énergumènes, infirmes, lunatiques et démoniaques ainsi que d'autres malades.

La châsse où ses précieux restes reposent auprès de la ville de Tours, resplendit d'une profusion d'or, d'argent et de pierres précieuses, elle est illustrée par de fréquents miracles. Au-dessus, une immense et vénérable basilique a été élevée en son honneur magnifiquement, à l'image de l'église de Saint-Jacques . Les malades y viennent et y sont guéris, les possédés sont délivrés, les aveugles voient, les boiteux se redressent et tous les genres de maladie sont guéris et tous ceux qui demandent des grâces reçoivent un réconfort total ; c'est pourquoi la renommée de sa gloire est répandue partout par de justes panégyriques, à l'honneur du Christ. Sa fête se célèbre le 11 novembre.




Reliques des saints à révérer : POITIERS

Après, c'est le très saint corps du bienheureux Hilaire, évêque et confesseur, qu'il faut visiter dans la ville de Poitiers. Entre autres miracles, ce saint, rempli de la grâce divine, abattit l'hérésie arienne et maintint l'unité de la foi. Mais Léon , l'hérétique, ne voulant pas accepter ce saint enseignement, sortit du concile, et dans les latrines, pris d'un flux de ventre, alla mourir honteusement. C'est pour saint Hilaire, qui désirait siéger au concile que la terre se souleva miraculeusement, lui fournissant un siège. C'est lui qui, par la seule force de sa voix, brisa les serrures qui fermaient les portes du concile. C'est lui qui, exilé pour la foi catholique, fut relégué quatre années dans une île de Frise
(Phrygie plus probablement). Là, il mit en fuite par sa puissance d'innombrables serpents ; c'est lui qui, à Poitiers, rendit à une mère en pleurs son enfant frappé prématurément d'une double mort (mort sans baptême il a perdu aussi la vie de l'âme).
Aussi le tombeau où reposent ses vénérables et très saints ossements est-il décoré à profusion d'or, d'argent et de pierres précieuses ; sa grande et belle basilique est favorisée par de fréquents miracles. On célèbre sa fête solennellement le 13 janvier.



Reliques des saints à révérer :
St Jean d'Angély

Il faut aller voir aussi le chef vénérable de saint Jean-Baptiste qui fut apporté par des religieux depuis Jérusalem jusqu'en un lieu appelé Angely en pays poitevin ; là une grande basilique fut construite magnifiquement sous son patronage ; le très saint chef y est vénéré nuit et jour par un chœur de cent moines et s'illustre par d'innombrables miracles. Tandis qu'on le transportait par terre et par mer, ce chef se signala par de nombreux prodiges. Sur mer, il chassa bien des tempêtes et sur terre, si l'on en croit le livre de sa translation, il rendit la vie à plusieurs morts ; aussi croit-on que c'est bien là véritablement le chef du vénéré Précurseur. Son invention eut lieu le 24 février, au temps de l'empereur Marcien quand le Précurseur révéla tout d'abord à deux moines l'endroit où sa tête gisait cachée.




Reliques des saints à révérer : SAINTES



Sur le chemin de Saint-Jacques, à Saintes, les pèlerins doivent dévotement rendre visite au corps du bienheureux Eutrope, évêque et martyr . Sa très sainte passion a été racontée en grec par son compagnon saint Denis, évêque de Paris, qui envoya ce récit par l'entremise du pape saint Clément, en Grèce, à ses parents déjà convertis au Christ. Cette passion  je l'ai jadis retrouvée à Constantinople, à l'école grecque, dans un livre où se trouvent les passions de plusieurs saints martyrs et, pour la gloire de Nôtre-Seigneur Jésus-Christ et de son glorieux disciple Eutrope, martyr, je l'ai traduite de mon mieux du grec en latin, Elle commençait ainsi :
Denis, évêque des Francs, mais Grec de race, au très révérend pape Clément, salut dans le Christ. Nous vous faisons savoir qu'Eutrope, que vous aviez envoyé avec moi dans ces parages pour prêcher le nom du Christ, a reçu la couronne du martyre des mains des gentils à Saintes, pour la foi du Seigneur. C'est pourquoi je prie humblement votre paternité d'envoyer ce livre de sa passion à mes parents, à mes connaissances et à mes amis fidèles, le plus tôt que vous le pourrez en Grèce et en particulier du côté d'Athènes afin qu'eux-mêmes et les autres qui jadis avec
moi ont reçu de saint Paul le baptême d'une nouvelle régénération, en apprenant que ce glorieux martyr a subi pour la foi du Christ une mort cruelle, se réjouissent de souffrir pour son nom des tribulations et des tourments. Et si par hasard la fureur des gentils leur infligeait quelque genre de martyre, ils apprendraient à le subir patiemment pour le Christ et à ne pas le redouter. Tous ceux en effet qui veulent vivre pieusement dans le Christ, doivent supporter les opprobres des impies et des hérétiques et les mépriser comme des fous et des insensés, car il nous faut subir de nombreuses tribulations pour entrer dans le royaume de Dieu.
 Éloigné de vous matériellement, mais tout près par mes désirs et par mon âme, je vous dis maintenant adieu pour l'éternité.    



La vie de
Saint Eutrope


comme vous ne pouviez pas l'imaginer !






De tout le codex seul la vie de Saint Eutrope ( à part Saint Jacques bien sur ) a droit à tant de lignes Aimery en est probablement l'auteur....!?








SAINTES...seule ville a bénéficier de tant d'éloges!!!


Eutrope, le très glorieux martyr du Christ, l'affable évêque de Saintes, issu d'une noble famille de Perse, descendait de la race la plus excellente du monde entier : l'émir de Babylone, nommé Xersès, et la reine Guiva l'avaient engendré selon la chair. Nul n'a pu être d'un rang plus élevé, ni après sa conversion d'une humilité plus grande, par la foi et les œuvres. Tandis que tout jeune encore il étudiait les lettres chaldéennes et grecques et se montrait l'égal des plus grands personnages de tout le royaume par sa sagesse et la curiosité de son esprit, il désira voir si à la cour du roi Hérode il y aurait des choses curieuses ou étranges et il se rendit auprès de lui en Galilée ; étant resté plusieurs jours à la cour de ce roi, et le bruit des miracles du Sauveur étant parvenu à ses oreilles, il le chercha de ville en ville et comme celui-ci s'en était allé au delà de la mer de Galilée, qui s'appelle Tibériade, avec la foule innombrable des gens qui, attirés par ses miracles, le suivaient, il se mit aussi à le suivre.
Or par un effet de la grâce de Dieu, il arriva le jour où le Sauveur dans sa générosité ineffable, rassasia avec cinq pains et deux poissons les cinq mille hommes qui étaient auprès de lui ; voyant ce prodige, le jeune Eutrope, qui avait entendu le récit de ses autres miracles et déjà croyait un peu en lui, désira lui parler mais il n'osait pas car il craignait les réprimandes de Nicanor, son maître, que l'émir son père avait commis à sa garde.
....

 
Après un peu de temps, à peine ayant obtenu du roi l'autorisation, l'enfant qui désirait revoir Nôtre-Seigneur, s'en alla à Jérusalem pour faire ses dévotions dans le temple. Il y avait avec lui Warradac, le chef des armées et Nicanor, le sénéchal du roi, précepteur de l'enfant et beaucoup d'autres nobles que l'émir avait envoyés pour le garder. A son retour du temple, un jour, il vit Nôtre-Seigneur revenant de Béthanie où il avait ressuscité Lazare ; une foule innombrable affluait par les portes de Jérusalem, au devant de lui ; en voyant les enfants des Hébreux et la multitude de gens d'autres nations qui allaient vers lui et qui répandaient des fleurs et des rameaux de palmiers, d'oliviers et d'autres arbres sur le chemin qu'il allait suivre, s'écriant : « Hosanna au fils de David », Eutrope se réjouit plus qu'on ne peut le dire et se mit lui aussi à jeter avec empressement des fleurs sur ses pas.
....

 
Alors des gens lui apprirent que le Christ avait ressuscité Lazare mort depuis quatre jours et il s'en réjouit beaucoup. Mais comme il ne pouvait pas à ce moment voir très bien le Sauveur, à cause de la trop grande multitude des gens qui accouraient en foule, il commença à se sentir tout triste.
Il se trouvait en effet avec ceux de qui Jean porte témoignage dans son évangile, disant : Or il y avait des gentils parmi ceux qui étaient venus pour l'adorer en ce jour de fête. Ils s'adressèrent à Philippe qui était de la ville de Bethsaïde et lui dirent : « Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus. » Alors Philippe, s'étant joint à André, alla le dire au Seigneur et aussitôt le bienheureux Eutrope avec ses compagnons le vit face à face et s'étant réjoui beaucoup commença à croire en lui en secret. Enfin, il s'attacha à lui tout à fait, mais il craignait la réprobation  des compagnons auxquels son père avait enjoint avec exagération de le garder rigoureusement et de le ramener à lui.
Alors certaines gens lui apprirent que prochainement les Juifs allaient faire périr le Sauveur et comme il ne voulait pas voir la mort d'un si grand homme, il quitta Jérusalem le lendemain.

Revenu auprès de son père, il raconta avec ordre à tous dans son pays eut ce qu'il avait vu concernant le Sauveur dans les parages de Jérusalem. ......
Mais bientôt il apprit que le Seigneur qu'il aimait en secret avait été crucifié et mis à mort par les Juifs et il en fut très affecté, mais quand on lui eut dit qu'il était ressuscité d'entre les morts et avait apparu à ses disciples et qu'il était monté au Ciel triomphalement, il commença à se réjouir beaucoup. Enfin, le jour de la Pentecôte, s'étant joint aux disciples de Nôtre-seigneur, ceux-ci s'empressèrent de lui apprendre que l'Esprit Saint était descendu sur eux, en forme de langues de feu et qu'il leur avait enseigné toutes les langues ; il revint à Babylone rempli de l'Esprit Saint et brûlant d'amour pour le Christ, il fit périr par le glaive les Juifs qu'il rencontra dans ce pays, se souvenant de ceux qui, en faisant mourir le Christ, avaient jeté l'opprobre sur Jérusalem.

.....
 
il y fut reçu avec bienveillance par saint Pierre et instruit par lui des préceptes du Maître ; après être resté quelque temps auprès de lui, il s'en alla sur son ordre et son conseil, prêcher en France avec d'autres frères. Et comme il était entré dans une ville appelée Saintes, il la vit de toutes parts très bien enserrée dans des murailles antiques, décorée de tours élevées, occupant une situation magnifique, de dimensions parfaites en longueur et en largeur, prospère en tout et regorgeant de victuailles, bien pourvue de belles prairies et de claires fontaines, traversée par un grand fleuve, fertile en jardins, vergers et vignes aux alentours, jouissant d'un air salubre, pourvue de places et de rues agréables, charmante à tous égards; cet apôtre zélé se prit à penser que Dieu daignerait détourner cette belle et remarquable ville de Terreur des gentils et du culte des idoles et la soumettre aux lois chrétiennes.....

.......
Alors il retourna à Rome ; saint Pierre y avait subi le martyre de la croix ; il reçut de saint Clément qui était alors pape, l'ordre de retourner dans ladite ville et, en prêchant les préceptes du Maître, d'y attendre la couronne du martyre. Enfin, ayant reçu du pape lui-même la consécration épiscopale, il se mit en route en compagnie du bienheureux Denis qui était venu de Grèce à Rome et d'autres frères que Clément envoyait prêcher en France, et arriva jusqu'à Auxerre. Là au milieu des embrassements d'une sainte affection, ils prirent congé dans les larmes et se séparèrent : Denis avec ses compagnons se dirigea vers Paris et le bienheureux Eutrope revint à Saintes, disposé à subir vaillamment le martyre ; plein de zèle pour le Christ, il s'encourageait lui-même disant : « Le Seigneur est mon aide, je ne craindrai pas les mauvais traitements des hommes ......

Reliques des saints à révérer : BLAYE

Ensuite à Blaye, sur le bord de la mer, il faut demander la protection de Saint Romain  ; dans sa basilique repose le corps du bienheureux Roland , martyr ; issu d'une noble famille, comte de la suite du roi Charlemagne, il était l'un de ses douze compagnons d'armes, et, poussé par le zèle de sa foi, il entra en Espagne pour en expulser les infidèles. Sa force était telle qu'à Roncevaux, il fendit, dit-on, un rocher par le milieu du haut en bas avec son épée en trois coups ; on raconte aussi qu'en sonnant du cor, la puissance de son souffle le fendit de même par le milieu. Ce cor d'ivoire ainsi fendu se trouve à Bordeaux dans la basilique de saint Seurin et sur le rocher de Roncevaux, on a construit une église. Après avoir, dans des guerres nombreuses, vaincu les rois et les peuples, Roland épuisé par la faim, le froid et les chaleurs excessives, frappé de coups violents, et flagellé sans relâche pour l'amour de Dieu, percé de flèches et de coups de lances, ce valeureux martyr du Christ mourut, dit-on, de soif dans cette vallée de Roncevaux. Son très saint corps fut enseveli avec respect par ses compagnons dans la basilique de Saint-Romain à Blaye.



Reliques des saints à révérer : BORDEAUX et BELIN

Puis, à Bordeaux, il faut rendre visite au corps du bienheureux Seurin  évêque et confesseur ; sa fête se célèbre le 23 octobre.
De même dans les landes de Bordeaux, dans une petite ville appelée Belin, on doit rendre visite aux corps des saints martyrs Olivier, Gondebaud, roi de Frise, Ogier, roi de Dacie , Arastain, roi de Bretagne , Garin, duc de Lorraine  et de bien d'autres compagnons d'armes de Charlemagne qui, après avoir vaincu les armées païennes, furent massacrés en Espagne pour la foi du Christ. Leurs compagnons rapportèrent leurs corps précieux jusqu'à Belin et les y ensevelirent avec beaucoup d'égards. C'est là qu'ils gisent tous ensemble dans un même tombeau ; un parfum très doux en émane qui guérit les malades.
Plus loin, il faut visiter en Espagne ......



Reliques des saints à révérer : LEON et COMPOSTELLE

On doit de même rendre visite aux corps des saints Facond  et Primitif dont la basilique fut élevée par Charlemagne ; près de leur ville, il y a des prés plantés d'arbres dans lesquels, dit-on, les hastes des lances des guerriers fixées en terre verdoyèrent. Leur fête se célèbre le 27 novembre.
De là, il faut aller voir à Léon le corps vénérable du bienheureux Isidore , évêque, confesseur et docteur, qui institua pour les clercs ecclésiastiques une très pieuse règle, imprégna de sa doctrine tout le peuple espagnol et honora la sainte Église tout entière par ses ouvrages féconds.
Enfin, c'est au très saint corps du bienheureux apôtre Jacques, dans la ville de Compostelle, qu'on doit surtout et avec le plus de dévotion rendre visite.
Que tous ces saints ainsi que tous les autres saints de Dieu nous aident de leurs mérites et de leurs prières auprès de Nôtre-Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne en Dieu dans l'éternité des siècles. Ainsi sait-il.

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Puis le style guide "MICHELIN"






CARACTÉRISTIQUES DE LA VILLE ET DE LA BASILIQUE DE L'APÔTRE SAINT JACQUES EN GALICE.

Calixie pape et Aimery chancelier.


Entre deux fleuves dont l'un s'appelle le Sar et l'autre le Sarela, s'élève la ville de Compostelle ; le Sar est à l'orient, entre le mont de la Joie  et la ville ; le Sarela à l'occident.
 La ville compte sept portes ou entrées.

 




Les commerces

6. Le parvis  de la ville.

 
Après la fontaine se trouve comme nous l'avons dit le parvis ; son pavement est de pierre ; c'est là qu'on vend aux pèlerins des petites coquilles de poissons qui sont les insignes de Saint-Jacques ; on y vend aussi des outres  de vin, des souliers, des besaces en peau de cerfs,  des bourses, des courroies, des ceintures et toutes sortes d'herbes médicinales et d'autres drogues et bien d'autres choses encore. On rencontre aussi sur le chemin de France, des changeurs, des aubergistes et divers marchands.
Les dimensions du parvis sont, en longueur et en largeur, d'un jet de pierre.
 








Seules les sculptures à thème biblique sont décrites par Aimery ainsi je n'apprendrai pas ce que signifiait pour lui ces animaux....


7. Le portail
Après ce parvis, on trouve le portail septentrional de la basilique Saint-Jacques, appelé porte de France ; il a deux entrées qui sont l'une et l'autre ornées de belles sculptures. Chaque entrée compte à l'extérieur six colonnes, les unes de marbre, les autres de pierre, trois à droite et trois à gauche, soit six à une entrée, six à l'autre, ce qui fait en tout douze colonnes. Au-dessus de la colonne qui est entre les deux portes à l'extérieur, sur le mur, le Seigneur est assis, en majesté, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant dans la gauche un livre. Tout autour de son trône et semblant le soutenir, on voit les quatre évangélistes. A droite, les sculptures représentent le Paradis où le Seigneur figure une autre fois reprochant à Adam et à Eve leur péché » ; et à gauche, il s'y trouve encore sous une autre effigie, les chassant du paradis .
En outre, on a sculpté tout autour des figures de saints, de bêtes, d'hommes, d'anges, de femmes, de fleurs et d'autres créatures dont nous ne pouvons donner la description et le caractère, à cause de leur grand nombre. Nous dirons cependant qu'au-dessus de la porte de gauche, en entrant dans la basilique, sur le tympan, l'annonciation de la bienheureuse Vierge Marie est représentée, avec l'ange Gabriel qui lui parle. A gauche aussi, au-dessus des portes, sur les côtés, figurent les mois de l'année  et beaucoup d'autres belles œuvres de sculpture.
Deux grands lions à l'air féroce se trouvent contre le mur à l'extérieur, le regard toujours fixe comme pour surveiller l'entrée, l'un à droite, l'autre à gauche. En haut des piédroits , quatre apôtres sont représentés, tenant chacun un livre dans la main gauche et semblant bénir de leur main droite levée les fidèles qui entrent dans la basilique. A la porte de gauche, Pierre se trouve à droite et Paul à gauche ; et à la porte de droite, c'est l'apôtre Jean qui est à droite et saint Jacques à gauche. Au dessus de la tête de chaque apôtre, des têtes de bœuf sont sculptées en haut relief sur les montants.


 
8. Le portail méridional.

 
Le portail méridional de la basilique apostolique comporte, ainsi que nous l'avons dit, deux portes et quatre vantaux. A la porte de extérieurement, on a sculpté sur le premier registre au-dessus la Trahison du Christ de façon remarquable. Ici, Notre-Seigneur est  attaché à la colonne par la main des Juifs ; ici il est flagellé - là Pilate siège à son tribunal comme pour le juger. Au-dessus, sur un autre registre la bienheureuse Marie, mère du Seigneur, est représentée avec son fils à Bethléem ainsi que les trois rois qui viennent visiter l'enfant et sa mère lui offrant leur triple présent, puis l'étoile et l'ange les avertissant de ne pas retourner auprès d'Hérode. Sur les jambages de cette même porte dont ils semblent garder l'entrée, il y a deux apôtres, l'un à droite, l'autre à gauche. De même, à la porte de gauche, il y a sur les montants deux autres apôtres  ; au premier registre au-dessus de l'entrée est sculptée la Tentation de Nôtre-Seigneur ; il y a en effet devant le Christ d'affreux anges ressemblant à des monstres qui l'installent sur le faîte du temple ; d'autres lui présentent des pierres, l'invitant à les changer en pain ; d'autres lui montrent les royaumes de ce monde, feignant de vouloir les lui donner si, tombant à genoux devant eux, il les adore — ce qu'à Dieu ne plaise !

Mais d'autres anges purs, les bons anges, les uns derrière lui, les autres au-dessus, viennent l'encenser et le servir.
Quatre lions se trouvent à ce portail, un à droite et un à gauche de chaque entrée ; entre ces deux entrées, au-dessus du trumeau, il y a deux autres lions farouches adossés l'un à l'autre . .....




....En haut et en bas, à droite et à gauche, tout le mur est magnifiquement décoré de fleurs, d'hommes, de saints, d'animaux, d'oiseaux, de poissons et d'autres sculptures que nous ne pouvons décrire en détail. Mais il faut noter les quatre anges qui se trouvent au-dessus

 
.....
Par là et par les autres très beaux détails de son œuvre, la basilique de Saint-Jacques resplendit de gloire magnifiquement. Elle est tout entière construite en pierres très solides, vives, brunes, et aussi dures que le marbre ; à l'intérieur, elle est décorée de peintures variées et à l'extérieur parfaitement couverte de tuiles et de plomb. Mais de tout ce dont nous venons de parler, une partie est complètement terminée, une autre à finir.




Datations selon Aimery


L'église fut commencée en l'an 1167 de l'ère d'Espagne ; depuis l'année où furent entrepris les travaux jusqu'à la mort d'Alfonse, vaillant et illustre roi d'Aragon, on compte 59 années et jusqu'au meurtre d'Henri, roi d'Angleterre , 62 ans, et jusqu'au trépas de Louis le Gros, roi de France. 63  et depuis l'année où la première pierre de ses fondations fut posée jusqu'à celle où la dernière fut mise il va 44 années. Depuis le moment où elle fut commencée jusqu'à aujourd'hui, cette église brille par l'éclat des miracles de saint Jacques;  là en effet, la santé est donnée aux malades, la vue est rendue aux aveugles la langue des muets se  délie, l'ouïe est  accordée aux sourds,   une démarche normale est donnée aux boiteux, les possédés sont délivrés et qui plus est, les prières des fidèles sont exaucées, leurs vœux s'accomplissent, les chaînes du péché tombent, le ciel s'ouvre à ceux qui frappent, la consolation est donnée aux affligés et tous les peuples étrangers, venus de toutes les parties du monde, accourent ici en foule apportant au Seigneur leurs présents et leurs louanges.


 Alfonse VII (mort le 7 septembre 1134 soit 1134-59=1075), meurtre de Thoma Becket    (1170-62= 1108)
Louis VI le Gros,
(mort le 1er août 1137 soit 1137-63=1074)



Le service divin à Compostelle

Selon la tradition, soixante-douze chanoines  sont attachés à cette église, le nombre même des soixante-douze disciples du Christ  ils suivent la règle du bienheureux Isidore d'Espagne, docteur . Chaque semaine, ils se partagent les offrandes faites à l'autel de Saint-Jacques -au premier chanoine, les oblations sont données la première semaine ; au second, la seconde ; au troisième, la troisième et ainsi de suite jusqu'au dernier.
Chaque dimanche, la tradition veut qu'on fasse trois parts des offrandes : la première est reçue par l'hebdomadier à qui elle revient ; les deux autres parts réunies sont à leur tour partagées en trois : une partie est généralement donnée aux chanoines pour leur repas ; une autre, à l'œuvre de la basilique ; la troisième, à l'archevêque du lieu. Mais le produit de la semaine qui va des Rameaux à Pâques échoit en droit aux pauvres pèlerins de Saint-Jacques hébergés à l'hospice. Bien plus, si l'on observait la juste loi divine, on devrait en tout temps donner la dixième partie des offrandes faites à l'autel de Saint-Jacques, aux pauvres qui arrivent à l'hospice. En effet, tous les pèlerins pauvres doivent, la nuit, qui suit le jour de leur arrivée auprès de l'autel de Saint-Jacques, recevoir à l'hospice, pour l'amour de Dieu et de l'apôtre, l'hospitalité complète. Les malades doivent être là charitablement soignés jusqu'à leur mort ou jusqu'à leur complet rétablissement, ainsi qu'il est fait à Saint-Léonard. Tous les pauvres qui arrivent là, reçoivent tous leur pitance. En outre, la coutume veut que les offrandes qui viennent à l'autel depuis le début de la matinée jusqu'à tierce, chaque dimanche, soient données aux lépreux de la ville. Et si quelque prélat de cette basilique commettait quelque fraude à ce sujet ou changeait les destinations des offrandes telles que nous les avons indiquées, il aurait à répondre de ce péché devant Dieu.





DE L'ACCUEIL À FAIRE AUX PÈLERINS DE SAINT-JACQUES.




Les pèlerins, pauvres ou riches qui reviennent de Saint-Jacques ou qui y vont, doivent être reçus avec charité et égards par tous ; car quiconque les aura reçus et hébergés avec empressement, aura pour hôte non seulement saint Jacques, mais Nôtre-Seigneur lui-même ainsi qu'il l'a dit dans son évangile : « Qui vous reçoit me reçoit » ». Nombreux sont ceux qui jadis encoururent la colère de Dieu, parce qu'ils n'avaient pas voulu recevoir les pèlerins de Saint-Jacques et les indigents.
A Nantua, qui est une ville située entre Genève et Lyon, un tisserand avait refusé du pain à un pèlerin de Saint-Jacques qui lui en demandait ; il vit tout à coup sa toile tomber par terre, déchirée par le milieu. A Villeneuve, un pauvre pèlerin de Saint-Jacques s'adresse à une femme qui gardait du pain sous des cendres chaudes, lui demandant l'aumône pour l'amour de Dieu et du bienheureux Jacques ; elle lui répond qu'elle n'a pas de pain, à quoi le pèlerin répartit : « Plût au ciel que ton pain se change en pierre !» Et le pèlerin s'étant éloigné de cette maison se trouvait déjà à une grande distance, quand cette méchante femme s'approchant des cendres pour y prendre son pain, ne trouve à la place qu'une pierre ronde. Le cœur contrit, elle se met aussitôt à la recherche du pèlerin, mais ne put le trouver. 
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 La via Turonensis
dont on parle

Source: wikipdia
 

El camino Frances
compostelle
 

 

 Sources:

La Légende de Compostelle, le livre de saint Jacques

par Bernard Gicquel

Éditeur : Tallandier 2003

Collection : Grand livre du mois

Par le nombre des documents présentés et la finesse de leur analyse, ce livre offre une nouvelle vie à la légende de saint Jacques en la replaçant dans son contexte et son histoire.

Chaque lecteur, pèlerin ou simple curieux, y trouvera matière à alimenter sa réflexion et son imagination. L'auteur est agrégé d'allemand et docteur en littérature médiévale comparée.

140 x 225 mm, 760 pages

ainsi que le "Guide du pèlerin"
(dont j'ai repris les textes)

Le Guide du pèlerin de Saint Jacques de Compostelle

Auteurs : Aimery PICAUD traduit du latin et annoté par Jeanne VIELLIARD

 d’après les manuscrits de Compostelle et de Ripoll.

Éditeur : édition Protat, 1938.


On trouve aussi sur internet:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Codex_Calixtinus
http://www.saint-jacques.info/legendepresentation.htm





une carte inventée

Une fausse carte crée par un éditeur moderne dans un style baroque avec la SAINTONGE
 pour ceux qui ne savent pas situer ce paradis décrit  par Aimery !.

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