A la Saint Jean (c'est à dire le 24 juin) , une foire
aux domestiques ou louée paysanne se tenait dans les bourgs des campagnes.
Garçons et
filles de la campagne désirant
travailler soit pour les travaux d'été dans les fermes (
leur engagement se terminait généralement à la
Saint Martin) ; soit chez les bourgeois de la ville (et c'était
pour l'année) y offraient leurs services.
Cette foire aux gens a perdurée jusqu'à l'entre
deux guerres.
C'est une fête pour ces jeunes paysans qui en parlent toute l'année et s'y donnent rendez-vous.
Garçons et filles sont là, debout, par groupes
attendant qu'on vienne les demander.
Quelquefois c'est leur maître de l'année agricole
écoulée, qui contracte avec eux un nouveau
marché.
Les domestiques des deux sexes qui veulent se gager pour
l'année entière portent :
les gars une rose au chapeau et les filles un
bouquet au côté.
Les charretiers eux, ont leur fouet autour du cou.
Les hommes, et parmi eux souvent des vieillards, qui ne veulent prendre
d'engagement que pour le temps
de la moisson (qu'on appelle la métive), ont un
épi de blé vert au chapeau.
Lorsque le
marché est conclu,
maîtres et valets vont boire ensemble.
Quand les maîtres sont partis, les gars offrent aux filles
des tournées de café et de petits
verre d'eau-de-vie ou de liqueur qu'ils absorbent en poussant des cris
sauvages.
I1 y a des fermes où les domestiques son
considérés comme étant de la famille,
où il sont bien payés,
bien nourris, leur linge raccommodé, leurs
vêtements entretenus.
C'est à qui naturellement cherchera
à entrer dans ces maisons.
Pareillement les maîtres choisissent leurs
serviteurs parmi les jeunes gens du pays,
travailleurs, honnêtes et de bonne
conduite.
A. GRAIN De la
vie à la mort, 1898
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