N'
IA GAIRE Q'AI AUVIT
(NADALET)
N'ia
gaire qu'aì auvit
Tres anges que
chantavon.
Chantavon qu'era nueg,
'Viron la
mietja nueg,
Que la Vierja efantava.
Chantavon
qu'un efan,
Per nos tirar de pena,
Nos vai tot
perdonar,
Amais nos vai balhar
Paradis per
estrena.
N'en fuguei tot ravit,
E zo
volhas pas creire.
N'en quitei mon bestial
De
dinz mon pastural,
Lo quitei; z'anei veire.
Lo
charcheram pertot,
D'un ostal a d'un autre,
Mas
lo trobavam pas.
N'eran fort estonatz;
Avtam
perdut coratge.
Davale un pauc pus bas;
Trobei
un vielh estable;
Ati trobei tos dos,
La Vierja e
l'efanto,
Tos dos bien miserables.
Ieu
tirei mon mantel,
Seilei la Senta-Vierja.
Ieu los
seilei tos dos,
La maire e l'efanto,
Qu'eron tant
miserables.
Del tems que fasiat
'cò.
Tres estrangiers entreron;
Entreron
tot d'a reng,
Tos charjatz de presens,
E tos tres
l'adoreron.
Un portava de l'òr
E
l'autre de la mira,
E l'autre de l'encens ;
Prenon
congiet daus sentz
E pueis se n'en torneron.
N'avia
be pris plazer
De veire lors caressas
Qu'aquius
tres reis fasion
A l'efan qu'era Dieu,
Tota la
nueg sens cessa.
Mon Dieu, que
ses vengut
Per nos autres sur terra,
Balhatz nos
la santat
Per poder bien trotar.
Tot lo monde
l'espera.
(Tulle.)
|
II
n'y a pas longtemps que j'ai entendu
trois anges qui
chantaient.
Ils chantaient cette nuit-là,
sur
le minuit,
que la Vierge enfantait.
IIs
chantaient qu'un enfant,
pour nous sortir de peine,
allait
nous pardonner
et même nous donner
le
Paradis pour étrenne.
J'en fus tout ravi
et
n'y voulais point croire.
Je quittai mon troupeau
Dedans
mon pâturage,
je le quittai pour aller voir.
Nous
les cherchâmes partout,
d'un logis à
l'autre.
Mais nous ne les trouvions pas.
Et
nous étions fort étonnés.
Nous
avions perdu courage.
Je descends un peu plus bas.
Je
trouvai une vieille étable.
Là je
trouvai tous deux
la Vierge et l'Enfantelet,
tous
les deux bien misérables.
J'enlevai mon
manteau,
j'en enveloppai la Sainte-Vierge.
Je les
enveloppai tous deux,
la mère et l'enfantelet
qui
étaient tant misérables.
Pendant
ce temps,
trois étrangers entrèrent.
Ils
entrèrent l'un derrière l'autre,
tout
chargés de présents,
et tous trois
l'adorèrent.
L'un portait de l'or
et
l'autre de la myrrhe,
et l'autre de l'encens.
Ils
prirent congé
et puis s'en
retournèrent.
J'aurais bien pris
plaisir
de voir les caresses
que tous trois
faisaient
à l'Enfant-Dieu,
toute
la nuit sans cesse.
Mon Dieu qui
êtes venu
sur terre pour nous,
donnez-nous
la santé
afin de pouvoir bien marcher.
Tout
le monde l'espère.
Cf.
L. Branchet et J. Plantadis. — Chansons populaires du
Límousin, édition de la Schola Cantorum. Paris,
Champion,
1905, p. 9. |