"Nòstres
vint ans" Texte
de Gaston Conté (1880-1911) traduit en
occitan-limousin par Jan dau MELHAU
avec
son aimable permission. (extrait du CD
édité par l'IEO dont la photo se trouve
plus bas)
(La
voix de Jan de Melhau est ralentie pour
un meilleur
apprentissage mais la voix normale s'écoute dans la suite)
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Nòstres
vint ans
Gusards, qu'aviam
d'aicia 'queu jorn ? De
l'aur pas un sòu, dau sòu pas 'na grana ! Nòstr'
atge nos liura l'amor, Tesaur e vinha de vendenha crana. Mas
vei que nos vòlen raubar, Tras eisida, tres ans
de benaürança, E vei que
vòlen acotrar Nòstres vint ans de
ropas d'aguirança.
Recorson
:
Los
gròs, los grands, si son vòstres, Escuts
tindants e bona terra, Los gròs, los grands, si
son vòstres, Gardatz-los per v'autres ! Mas
nòstres vint ans son nòstres E 'quo es
tot nòstre ben sus terra, Mas nòstres
vint ans son nòstres, Los gardem per n'autres !
Perqué
daus clarons, daus tambors, Lo violon sap far tremolar la
sòla, Los galons mai los brandeborgs 'Quò
fai mielhs de tras un goneu de dròlla. Nòstre
còr dins un còr qu'aimem Se pausara
mielhs qu'a mieg de l'istòria, Que de segur
n'autres presem Una nuech d'amor mai qu'un jorn de
glòria !
Los
gròs, los grands, si son vòstres, Escuts
tindants e bona terra, Los gròs, los grands, si
son vòstres, Gardatz-los per v'autres ! Mas
nòstres vint ans son nòstres E 'quo es
tot nòstre ben sus terra, Mas nòstres
vint ans son nòstres, Los gardem per n'autres !
Es
pas gelos nòstre bonaür Dau
bonaür d'aquilhs que disen : ma mia Dins 'n' autra
lenga, plan segur, Gran que vòlem treblar lor
elegia. E cranes, uei, vam letrejant Ad un libre
de dicha doceiròla, Per aprener botjar lo sang Gran
que vòlem 'nar a la vòstr' escòla !
Los
gròs, los grands, si son vòstres, Escuts
tindants e bona terra, Los gròs, los grands, si
son vòstres, Gardatz-los per v'autres ! Mas
nòstres vint ans son nòstres E 'quo es
tot nòstre ben sus terra, Mas nòstres
vint ans son nòstres, Los gardem per n'autres !
La
messonj' a l'amor se platz, Mas balha 'n' arm' au
drapeu que flaqueta, 'Laidonc de vrai tant aimariatz Messonja
ròsa coma roja neta. Aquò dich, borges
endechats, Que lo champ fluris, que l'archon clareia, Nòstres
vint ans non damandatz, Que son promes per la
pròpcha borreia.
Los
gròs, los grands, si son vòstres, Escuts
tindants e bona terra, Los gròs, los grands, si
son vòstres, Gardatz-los per v'autres ! Mas
nòstres vint ans son nòstres E 'quo es
tot nòstre ben sus terra, Mas nòstres
vint ans son nòstres, Los gardem per n'autres !
Nos
vingt ans
Gueux,
qu'avions-nous jusqu'à ce jour ? — De
l'or, pas un sou ! Du sol, pas un pouce ! Notre
âge nous livre l'amour. Blond trésor et
vigne aux vendanges douces ! Maïs voici qu'on veut
nous voler Trois ans d'un bonheur éclos hier
à peine. Et voici qu'on veut affubler Nos
tendres vingt ans d'oripeaux de haine !
Refrain
:
Les gros, les grands !... Si
c'est à vous Ecus sonnants et bonne terre, Les
gros, les grands !... Si c'est à vous Vous les
gardez pour vous ! Mais nos vingt ans, Us sont à
nous Et c'est notre seul bien sur terre. Mais nos
vingt ans, ils sont à nous, Nous les gardons pour
nous !
Pourquoi des clairons, des tambours
?... Le violon jase au fond des charmilles. Les
galons et les brandebourgs Ça fait mieux autour
du jupon des filles ! Notre cœur dans un
cœur aimé, Reposera mieux qu'au sein de
l'histoire. Car nous nous flattons d'estimer Une
nuit d'amour plus qu'un jour de gloire.
Les
gros, les grands !... Si c'est à vous Ecus sonnants
et bonne terre, Les gros, les grands !... Si c'est
à vous Vous les gardez pour vous ! Mais
nos vingt ans, Us sont à nous Et c'est notre seul
bien sur terre. Mais nos vingt ans, ils sont à
nous, Nous les gardons pour nous !
Notre
bonheur n'est pas jaloux Du bonheur de ceux qui disent : Je
t'aime Dans un autre patois que nous. Nous ne
voulons pas troubler leur poème. Et fiers
d'épeler à présent Dans un
livre plein de douces paroles. Pour apprendre à
verser du sang Nous ne voulons pas aller à
l'école.
Les gros, les grands
!... Si c'est à vous Ecus sonnants et bonne terre, Les
gros, les grands !... Si c'est à vous Vous les
gardez pour vous ! Mais nos vingt ans, Us sont à
nous Et c'est notre seul bien sur terre. Mais nos
vingt ans, ils sont à nous, Nous les gardons pour
nous !
Le mensonge, en l'amour prend corps, Mais
il prête une âme aux drapeaux qui bougent, Alors,
nous préférons encor Le mensonge rose
au mensonge rouge. Et sur ce, bourgeois impotents Dont
le champ fleurit, dont le coffre brille, Ne demandez plus
nos vingt ans : Ils sont promis pour le prochain quadrille.
Les
gros, les grands
!... Si c'est à vous Ecus sonnants et bonne terre, Les
gros, les grands !... Si c'est à vous Vous les
gardez pour vous ! Mais nos vingt ans, Us sont à
nous Et c'est notre seul bien sur terre. Mais nos
vingt ans, ils sont à nous, Nous les gardons pour
nous !
SOURCE:
Ce CD avec son livret qui contient les textes en occitan-limousin et en
français.
Jan dau Melhau,
écrivain,
poète, conteur et qui a bien d’autres
facettes… est né en 1948 à Limoges.
Jan
dau Melhau (Jean-Marie Maury) continue
aujourd'hui d'œuvrer pour le Limousin avec sa maison
d'édition: " Lo Chamin de Sent
Jaume" (le
Chemin de Saint Jacques) à Meuzac, avec
ses propres écrits ainsi qu'avec ses spectacles de contes et
de chansons. Il est également co-fondateur, avec Micheu
Chapduelh (Michel Chadeuil), de la revue
limousino-périgourdine "Lo leberaubre".
Gaston
Conté, fils de meunier, est né à
Beaugency en 1880. Il monta à Paris en 1898 pour se produire
de cabarets en cabarets et collabora aussi à la
presse révolutionnaire . Il mourut à 30 ans dans
la misère. Son oeuvre est forte, incisive et
sensible, sans concession, impeccablement écrite, tant en
français qu'en parler beauceron.