Nicolas Peuch et Joan-Pau Verdier dans le studio de France Bleu
Joan Pau Verdier
Je suis
profondément touché par la disparition de Joan-Pau
Verdier et la langue occitane vient de perdre un des rares
témoins qui avait le vrai accent d'ici. Outre cet amour de la
langue du passé de nos aïeux, l' homme était
engagé, et un artiste remarquable.
Joan-Pau était né à Périgueux en 1947, dans
le quartier des Rues Neuves, il a appris avec son grand-père,
originaire de Corrèze, ouvrier aux ateliers SNCF, les couleurs
et reflets de cette belle langue.
Élève brillant au lycée Bertran-de-Born, il se
découvre une passion précoce pour la guitare et monte son
premier groupe de musique, "Les Fourbes", avec le futur sociologue
François Dubet, autre nom fameux d’une promotion qui
compte également dans ses rangs l’écrivain occitan
Michel Chadeuil.
Dans la cité de Saint-Léon-sur-l’Isle,
où il déménage avec ses parents quand il est
encore adolescent, Joan-Pau Verdier se prend d’amitié pour
le futur réalisateur Jean-Pierre Denis.
« Il chantait Brel, Brassens, Léo Ferré en
français. Sa voix était là. L’occitan est
venu après », raconte le cinéaste, dont la
propre carrière s’envole dix ans plus tard avec «
Histoire d’Adrien », un film en occitan dont Joan-Pau
Verdier signe la bande originale.
Étudiant en fac de lettres à Bordeaux, le jeune homme
trompe l’ennui avec sa guitare en chantant les textes de son
ancien camarade de lycée, Michel Chadeuil. Animé par
l’envie de « vivre de son art », dixit le professeur d’occitan Martial Peyrouny, il monte à Paris où son talent fait mouche.
Signé par la major Philips, «
il bouscule la scène de la chanson occitane avec des textes et
des sonorités d’une rare modernité », indique son compagnon de route, Jean Bonnefon, autre figure incontournable du monde musical occitan.
« Il a ouvert une nouvelle voie dans la musique en faisant
fi des critiques émises par les puristes en introduisant du
rock, du folk, des notes qu’on n’avait jamais entendues
», poursuit l’intéressé, dont le groupe Peiraguda se réclame de son influence.
Le succès est immédiat. « C’est devenu une star », raconte Nicolas Peuch, accordéoniste et complice de Joan-Pau Verdier au micro de l’émission dominicale « Meitat chen meitat pòrc », sur France Bleu Périgord. Une star qui n’en garde pas moins sa simplicité.
« Il est passé à Bobino, a chanté à
la Fête de "l’Huma" et même dans les émissions
télévisées des Carpentier. C’est à
cette époque qu’il fait la connaissance de Bernard
Lavilliers dont il est resté très proche par la suite.
» « Il est toujours resté très abordable, raconte le conteur occitan Daniel Chavaroche. Il se rendait disponible pour les petits festivals qui pouvaient être organisés ici ou là. »
Il est passé à Bobino, a chanté à la
Fête de "l’Huma" et même dans les émissions
télévisées des Carpentier.
En 1998, Jean Bonnefon, alors directeur de Radio France
Périgord, propose à Joan-Pau Verdier, de retour en
Dordogne, d’animer une émission hebdomadaire sur les ondes
de la station. Ce sera « Meitat chen meitat pòrc »,
un rendez-vous dont il partage l’affiche avec le jeune et encore
timide Martial Peyrouny. Cette radio diffuse chaque matin vers 7
heures, un court instant qu'animait Joan-Pau Verdier : "Le mot en Oc".
S'appuyant sur l'actualité, Joan-Pau choisissait un mot occitan
et en faisait le tour, avec verbes, adjectifs et dérivés,
finissant généralement par un dicton.
Je l'ai contacté pour développer sur ce
site, ce qui me semble être l'essentiel pour illustrer une
langue populaire qui s'ancre localement avec ses parlés
spécifiques, à savoir écouter mais aussi voir
écrit les textes dans le formel. On trouve hélas trop
souvent, soit l'enregistrement que seuls les gens du cru comprennent,
soit l'écrit que les gens du cru ne lisent pas. Il faut
conjuguer l'ensemble, faire entendre un accent local digne de cette
belle langue, et en voir l'écrit, ce qui la rend universelle,
dont acte.
Merci Joan-Paul de m'avoir permit de le faire et de rester ainsi parmi nous, avec ton accent bien d'ici.