L'église romane de CHAMPAGNOLLES (17)

en Saintonge


Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos de Michel ROCHAT et Alain DELIQUET


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 ÉGLISE de CHAMPAGNOLLES


Commune du Canton de Saint-Genis située à 6 kilomètres au Nord-Ouest de Saint-Genis, à 7 kilomètres de Gémozac et à 29 kilomètres au sud de Saintes.

L'église de Champagnolles est un bel édifice dont l'mposante silhouette force l'attention dès qu'on  aborde le village par quelque côté que ce soit. Élevée, vaste et bien décorée, elle constitue un des plus beaux monuments du Sud de la Saintonge entre Seugne et Gironde.



Construite au XIIe siècle, vraisemblablement dans la deuxième moitié, sur un plan en forme de croix latine avec absidioles, elle dresse au croisement de deux routes, dont une pré-romaine, la haute masse carrée de son clocher à toit plat.

clocher de l'église de CHAMPAGNOLLES

Ses trois étages sont ornés de façons différentes. Le premier offre sur chacune de ses faces cinq hautes baies aveugles (quatre sur les côtés Nord et Sud) séparées par de longs pilastres plats. Le second, sensiblement étréci par une base en talus, est percé de deux fenêtres plus larges ; le troisième, ajouté ou reconstruit quelques trois cents ans plus tard, n'a plus sur chaque côté qu'une fenêtre carrée à gros tore d'encadrement avec un linteau en accolade. Les angles du deuxième étage sont garnis d'une grosse colonne à chapiteau nu et la plupart des lignes longues de ce clocher sont pointillées d'une suite de petits losanges.

Des lucarnes percées dans les murs du troisième étage rappellent le rôle de forteresse joué par ce clocher au cours des guerres du Moyen Âge.



La façade occidentale profondément remaniée est des plus curieuses, quoique classiquement composée de trois étages enserrés entre des contreforts plats surmontés d'un pignon. La partie inférieure qui occupe a elle seule presque la moitié de la hauteur totale est entièrement garnie par un vaste portail, à l'origine roman et a plusieurs voussures en plein-cintre. Baies latérales en moins, ce rez-de-chaussée devait alors ressembler a celui de Bois localité voisine. II ne subsiste aujourd'hui que la grande arcade à claveaus nus et son cordon de pointes de diamant a quatre branches (plus exactement à têtes de clou ). Le reste muré a été percé au XVe siècle d'une porte en anse de panier avec moulures prismatiques entourée d'un épais cintre brisé chargé de grosses feuilles de choux et d'un très volumineux fleuron.

Une mince corniche à pointes de diamant souligne l'étage suivant. Celui-ci est entièrement occupé par une arcature à six cintres toujours entourés des mêmes pointes de diamant (très en honneur, avec les damiers, dans cet édifice).
L'étage supérieur n'a plus qu'une arcature à trois cintres, mais la baie centrale est percée. Tous ces arcs s'appuyaient autrefois sur des colonnettes ; toutes ou presque ont disparu. Seuls demeurent les larges pilastres de séparation avec quelques chapiteaux attenants à peine ébauchés. Cette façade certes est curieuse avec ses styles divers, mais elle est lourde et manque d'élégance. Elle semble, dans sa partie romane, postérieure au chevet.



Celui-ci   est   la   partie   intéressante   de   Champagnolles.

Très orné, trop même, il accuse une recherche excessive dans sa surabondante décoration. Pour garnir les sept aires — deux pour le choeur et cinq pour l'abside demi-circulaire — ainsi que l'entourage des trois fenêtres, le sculpteur a dépensé des trésors d'imagination inventive, sans toujours obtenir le résultat recherché. C'est ainsi que les colonnes contreforts séparant les aires, qui changent une fois de diamètre, sont dans leur courte hauteur (cette abside est relativement peu élevée) coupées quatre fois par des cordons différents ; un de damiers, un de palmettes, un de petites pointes de diamant qui suit le tracé des cintres et un composite. Des motifs inconnus ailleurs se trouvent ici assemblés en des combinaisons multiples impossibles à décrire.

Les fenêtres romanes, assez vastes ont bien entendu leurs archivoltes abondamment garnies. Au-dessus d'elles se déroule une belle arcature, comptant, suivant la largeur des aires, deux, trois ou quatre cintres appuyés sur de très courtes colonnettes a chapiteaux travaillés. Le tout couronné d'une corniche à chanfrein sculpté portée par une suite de modillons un peu gros, très variés, mais manquant dans l'ensemble de finesse. Sur l'un d'eux au-dessus de la fenêtre axiale se détache un croix de Templiers. Un hameau du voisinage porte le nom de Temple ; il était en 1307 le siège d'une maison de cet ordre.



Un autre de ces modillons, discrètement placé et de ce fait bien conservé, rappelle la gaillardise et la bonne grosse gaîté de nos ancètres qui, peu pudibonds, savaient rire de certaíns spectacles pour eux quotidiens. Ce " motif " était apprécié dans la région, puisqu'il se retrouve en bonne place et avec un grain d'humour supplémentaire, à Givrezac localité voisine.



Des deux absidioles celle du Sud, dans un grand état de délabrement, reconstruite sans soin il y a fort longtemps, n'offre plus d'intérêt. Celle du Nord bien restaurée, couverte en pierre répète les qualités et les défauts de l'abside.
Les murs du transept sont surmontés d'une corniche à damiers posée sur des modillons succins et détériorés. Le bras Nord a son mur principal percé d'une grande fenêtre en plein-cintre et d'une autre carrée — de guet. Toute sa partie inférieure est appareillée en zig-zag. Au bas une ouverture murée semble être l'ancienne fenêtre d'aération d'une crypte-ossuaire.

Les murs de la nef, qui s'est effondrée en 1656, ont été remontés avec utilisation des anciennes fenêtres romanes et notamment de leurs cintres d'un modèle caractéristique. Ces cintres très petits, taillés dans une seule pierre, ont leur plat orné d'une décoration de peu de relief, naïve même et cependant variée : dessins géométriques, fleurettes, fines torsades. Malheureusement plusieurs ont été entaillés à la suite de l'agrandissement des fenêtres. Ils font penser à des sculptures d'une lointaine époque conservées par remplois successifs. Cependant ce genre de cintre est fréquent dans la région.



A l'intérieur la nef unique plafonnée en berceau brisé a ses quatre travées séparées par de longues colonnes aux bases ornées de griffes. Leurs chapiteaux un peu courts n'ont reçu qu'une très simple garniture de feuillage.
Une belle coupole sur trompes très évidées recouvre le carré du transept. Sa base, soulignée par un bandeau de petits damiers, repose sur des colonnes adossées à des pilastres semblables à celles de la nef.
Le croisillon Sud, voûté comme son opposé en berceau cintré, est clôturé à l'orient par un mur plat construit dans le grand arc de l'absidiole. Celle-ci ainsi fermée sert de sacristie. La voûte de l'absidiole Nord a été récemment refaite en moellons. Ses colonnes sont dotées de curieux chapiteaux. L'un est garni de nombreux petits disques en relief ornés de motifs linéaires sur leurs faces. Ils ressemblent très exactement à.. de modernes gâteaux secs.
Le choeur sans ouverture est voûté en berceau brisé et l'abside en cul-de-four prend jour par de grandes fenêtres en plain-cintre présentant aux angles des ébauches de colonnettes ; pauvre décoration qui est en complète opposition avec l'exubérance de celle de l'extérieur.
L'église de Champagnolles, ancien prieuré, dédiée à Saint Pierre, a été classée Monument Historique le 10 Novembre 1910.

Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de la Saintonge  (livre 1 épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

   

Faisons Parler les Chapiteaux grivois de CHAMPAGNOLLES





A gauche en position dominatrice un vice sur un autre qui s'y complaît
(il tire la langue) et sa queue lancéolée n'est pas en position de maîtrise
Une âme en plein péché de luxure.



Le même thème plus évocateur.
Et quand on ne peut être deux on se débrouille tout seul...

le couillu de CHAMPAGNOLLES

C'est le "couillu" de Champagnolles

et voici la conséquence:

L'âme volée par le Malin

Le Malin à gauche tenant le trésor spirituel (représenté par la bourse)
tandis que l'homme à droite (le personnage nu symbole de l'âme) supplie à genoux...

conversion à CHAMPAGNOLLES

Mais ce modillon d'acrobate montre comment s'en sortir ....
par une conversion intérieure bien sûr!
(Voir le sujet sur "les acrobates")

Aux alentours de CHAMPAGNOLLES:

 La ville de PONS et sa tour

la tour


A proximité deux églises remarquables.

L'église de Saint-Quantin de Rançanne

Le site archéologique du FA à BARZAN

L'église d'AVY


l'album vertical outrepassé sur CHAMPAGNOLLES (extérieur seulement)

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