« Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule à Puente la Reina, en territoire espagnol ; l’une passe par Saint-Gilles du Gard, Montpellier, Toulouse et le Somport ; une autre par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac ; une autre traverse Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux ; une autre encore passe par Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean d’Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux. La route qui passe par Sainte-Foy, celle qui traverse Saint-Léonard et celle qui passe par Saint-Martin se réunissent à Ostabat et après avoir franchi le col de Cize, elles rejoignent à Puente la Reina celle qui traverse le Somport ; de là un seul chemin conduit à Saint-Jacques. » (Extrait du Codex calixtinus XIIe)

L'hôpital neuf dit "des pélerins"de PONS

Texte intégral de Charles CONNOUË

("Les églises de Saintonge" Volume II épuisé

avec l'aimable permission des Editions DELAVAUX)

Photos:  Alain DELIQUET


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"Site Belle Saintonge"


L' Hôpital Neuf  Sur la route de Saintes à Bordeaux à la sortie Sud de Pons, à l'extrémité d'un faubourg, 

le porche sur la route de bordeaux

la route passe sous un curieux porche dont les deux cintres surbaissés, à l'entrée et à la sortie, sont surmontés d'un oculus en demi-lune. De chaque coté, encadrées d'arcades basses surmontant des « enfeus », 


s'ouvrent deux magnifiques portes de la fin du XII è siècle. Les voûtes qui recouvrent le passage sont ogivales, donc plus récentes. Cet ensemble connu sous le nom d'hôpital Neuf, a été classé Monument Historique le 8 octobre 1879. Il comprenait primitivement en dehors du chemin couvert qui servait d'abri aux voyageurs et notamment aux pèlerins de Saint-Jacques 

traces

(qui ont laissé gravé sur les murs de nombreuses traces de leurs passages) une église à gauche, c'est-à-dire à l'est et des bâtiments hospitaliers à l'ouest.

Construit par Geoffroy de Pons, décédé en 1192, cet édifice a été plusieurs fois transformé. Les parties les plus anciennes sont l'église, dont en dehors du portail il ne subsiste que quelques pans de murs et les «auges sépulcrales» rangés de chaque côté du couloir.

la porte du XIIé

L'autre porte a été construite un peu plus tard et donnait accès « à une grande salle pour loger les pauvres ».

la salle de l'hopital

Au Moyen Age une tour se dressait au-dessus de la voûte. Elle a été démolie vers 1830. En 1860 le passage lui-même ne dut qu'à son classement de ne pas être détruit aussi.

Cet Hôpital qui fut longtemps géré par les Templiers, était ouvert aux pauvres, aux malades, aux déshérités qui, pour les dernières années de leur existence, se donnaient à la maison à laquelle ils léguaient ce qu'ils pouvaient encore posséder. L'Hôpital re­cueillait aussi les enfants abandonnés que l'on déposait dans des niches et faisait des distributions aux indigents.

L'importance de cet établissement diminua peu a. peu et il cessa d'être hôpital après 1789.

L'intérêt des restes qui sont parvenus jusqu'à nous est réel. Les deux très belles portes qui, au milieu du couloir se font vis-à-vis, sont remarquables par leur décoration. Leurs cintres ornés de délicats motifs géométriques bien conservés et les chapiteaux des pieds-droits sont scrupuleusement traités. 

Le chapiteau dit de l'anguille de PONS

Dans le chapiteau de gauche allongée horizontalement  la célèbre anguille de PONS 

Sur l'un des chapiteaux qui reçoivent les re­tombées des arcs de la voûte, on peut distinguer la fameuse « anguille de Pons » rappel d'une légende locale relative à un ancien hommage féodal.

Dans la salle de droite subsistent encore des beaux piliers d'époque et sur les murs, toujours nombreux et très visibles, de curieux graffiti.

Le sol autour de ces bâtiments, est saturé d'ossements et de sarcophages.

Le passage voûté de l'Hôpital Neuf de Pons est unique en France, On n'en connaît qu'un seul du même genre en Espagne.

***

 EGLISE SAINT-VIVIEN

L'église Saint Vivien bâtie dans un faubourg de la ville basse de Pons, était à l'origine une simple dépendance de l'église Saint-Martin qui s'élevait sur le plateau à l'intérieur des murs de l'ancienne cité. D'abord chapelle, elle devint église après la construction de l'édifice dont il nous reste la façade. Cette construction eut lieu, d'après certains, entre les dates extrêmes de 1075 et 1133, mais elle pourrait avec autant et même plus de vraisemblance être attribuée à la deuxième moitié du XIIe siècle, vu son genre de décoration.

Saint-Vivien était alors une possession des moines de Saint-Florent près Saumur et les évèques de Saintes protestèrent longtemps contre ce qu'ils appelaient une « intrusion >. Mais il faut croire que les droits des moines étaient inattaquables, car les eveques semblent n'avoir jamais obtenu gain de cause.

La façade de Saint-Vivien n'est pas sans Intérêt, elle est d'ailleurs classée Monu­ment Historique depuis le 23 février 1912. A plusieurs reprises elle a subi d'importantes mutilations. Les dernières semblent remonter à la Révolution, époque où toutes les sculptures furent très consciencieusement martelées et détruites.

L'ornementation, à base de motifs géométriques et végétaux, a presque complètement disparu ainsi que les filets de couronnement et les sujets des chapiteaux où se distinguent cependant encore quelques crochets. Un portail en plein-cintre, vaste et pro­fond, appuie ses cinq voussures sur des pieds-droits aujourd'hui démunis de leurs colonnes. Il est flanqué de deux baies aveugles aux arcs légèrement brisés. Devant ces baies se dressaient autrefois deux statues dont l'une, dit la chronique, représentait la Vierge, l'autre, celle de gauche. Saint Vivien.

Au premier étage une galerie en plein-cintre déroule ses six arcades. La baie centrale a été remplacée au XVIe siècle par une haute fenêtre flamboyante à un meneau ; assemblage malheureux sans doute, mais qui ne choque guère que les archéologues...

La façade est terminée par un pignon dont chaque rampant est chargé d'un campanile.

A l'intérieur, l'édifice n'a rien conservé de son ancienne disposition. Il a été reconstruit aux XVIIIe et XIXe siècles. Trois nefs existent aujourd'hui là où primitivement il n'y en avait qu'une, les deux latérales ont été ajoutées il y a deux cents ans environ. Toutes les trois sont simplement plafonnées et terminées par des absides modernes, meme celle du centre qui est demi-circulaire. La nef principale, séparée du sanctuaire par un arc en plein-cintre, porte la date de 1777.

***

EGLISE SAINT-GILLES (ou porte d'entrée de l'ancien Château)

L'église ou plus exactement la chapelle Saint-Gilles, puisqu'elle est plus communément désignée sous ce nom, est un édifice construit à un angle et sur le flanc de l'escar­pement, truffé d'excavations, occupé en entier autrefois par le château des Sires de Pons.

Il n'offre en tant qu'église rien de remarquable, mais il est à deux étages et sous l'église actuelle se développe un passage qui est orné à son entrée Est d'une magnifique porte romane classée Monument Historique le 4 novembre 1879.

Ce passage, qui traversait l'enceinte fortifiée du château, conduisait à l'ancienne église paroissiale de Saint-Sauveur détruite au XVIe siècle.

Les fortifications du château de Pons subirent au cours de leur histoire bien des assauts et bien des modifications. Rasées en 1178 par Richard d'Angleterre, en même temps que celles de Taillebourg, elles furent relevées aussitôt. Mais cette reconstruction dura plusieurs années et une chapelle, qui demeura longtemps celle du château. fut construite au-dessus de la porte Saint-Gilles. Plusieurs fois, par la suite détruite et reconstruite, elle eut le bonheur de conserver presque intacte son sous-sol.

Celui-ci est traversé par un passage où subsiste une porte romane qui est un des plus beaux morceaux d'architecture de la région de Pons.

Trois voussures en plein-cintre avec filet de couronnement reposent sur les chapiteaux de quatre colonnes placées en embrasement de chaque coté. Ces cintres sont ornés de claveaux arrondis, de bâtonnets en croix et de feuilles stylisées, tous motifs simples mais parfaitement traités, qui composent une décoration très particulière, nette, vigoureuse et vraiment artistique. C'est du roman de la bonne époque.

Les chapiteaux des pieds-droits, eux aussi d'une exécution excellente, sont ornés de feuillages, d'oiseaux, de griffons. Il y a lieu de remarquer à droite le personnage assis qui, les mains derrière les oreilles, semble vouloir surprendre les propos tenus devant lui.

Cette porte fit école, on retrouve ses motifs dans plusieurs édifices religieux de la Saintonge. Il est permis de supposer que les maîtres ouvriers appelés à Pons à l'occasion du relèvement des fortifications en 1179, séjournèrent ensuite dans le pays à moins qu'il n'ait été simplement fait appel à de la main-d’œuvre locale ou régionale, celle de Saintes par exemple, qui travailla par la suite à la reconstruction et à l'embellissement de certaines églises des environs.

Quoique incluse dans les remparts, la porte Saint-Gilles qui est si heureusement parvenue jusqu'à nous, ne faisait pas partie de la défense extérieure du château. Elle a peu souffert, de ce fait, des violences de la guerre. La véritable porte fortifiée était située, d'après Masse, quelques mètres en avant et possédait herse, pont-levis, etc.

Dans le passage et derrière la porte actuelle il existe d'autres arceaux placés les uns derrière les autres à un mètre environ d'intervalle. Celui du milieu renferme dans sa voûte des débris sculptés provenant de l'édifice antérieur. Entre le deuxième et le troisième sont restées longtemps encastrées dans la muraille, deux bornes militaires romaines, une de chaque côté. Elles sont aujourd’hui au musée de la ville.

Fin du texte de Charles CONNOUË

Les églises de la Saintonge  (livre II épuisé)

édition: R.DELAVAUD (Saintes)

   Le livre phare :


Le livre traduit du manuscrit écrit par un saintongeais au XII ième siècle

dans lequel l'on trouve l'intégrale du "Codex Calixtinus"

du XII e siècle, commenté et annoté par l'auteur.

Un des chapitres du Codex a acquit une renommée mondiale, c'est le

"LE GUIDE DU PÈLERIN"

attribué à Aymeri Picaud moine Saintongeais

duquel j'ai extrait des passages concernant notre province qu'il décrit comme la plus belle:

 "Le guide du pèlerin"écrit par Aimery PICAUD un moine Saintongeais au XII e

Un carrefour illuminé à PONS

la tour

Le donjon de PONS contemporain de celui de BROUE (La tour de BROUE )



A proximité deux églises romanes remarquables traitées sur ce site:

L'église de BIRON

L'église d'AVY

retour à l'album sur l'hopital des pélerins de PONSVOIR l'album "Hospital neuf" de PONS:

"Le guide du pèlerin"

Ce guide du XIIe siècle, attribué à  un moine si prolixe sur St Eutrope et émerveillé par la SAINTONGE, nous mène d'étape en étape jusqu'à Compostelle. Ce prédécesseur du "guide Michelin"  met le lecteur en garde contre brigands et rançonneurs, cite les rivières dont l'eau est saine, décrit le caractère des habitants et indique les reliques des saints qu'il faut vénérer à chaque étape...

" Les Poitevins sont des gens vigoureux et de bons guerriers, habiles au maniement des arcs, des flèches et des lances à la guerre, courageux sur le front de bataille, très rapides à la course, élégants dans leur façon de se vêtir, beaux de visage, spirituels très généreux, larges dans l'hospitalité. " A part le maniement des armes le reste est vrai...

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