L'ABBAYE AUX DAMES

de SAINTES

Texte intégral de Charles CONNOUË
Photos d' Alain DELIQUET


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Abbaye aux Dames de SAINTES

Parmi les églises dont la renommée a dépassé depuis longtemps les limites de notre province, l'une, l' Abbaye-aux-Dames de Saintes, brille d'un éclat tout particulier. Son ancienneté, la richesse exceptionnelle de sa décoration architectonique, le dessin parfait des lignes de son clocher, l'ont classée au premier rang des édifices religieux de la région. Sans doute en existe-t-il quelques autres en Saintonge capables de soutenir avec celui-ci une heureuse comparaison ; certains comme Saint-Eutrope revendiquent une antiquité plus haute ; d'autres comme Aulnay ou Fenioux peuvent mettre en balance leurs sculptures également riches où la rare élégance de leur flèche de pierre mais aucun ne présente dans son ensemble et dans ses détails une beauté aussi nette, jointe à une telle perfection artistique.
L'église basse de Saint Eutrope à Saintes
(Voir sur ce site l'église basse ou crypte de Saint-Eutrope de Saintes)
Saint-Eutrope, monument remarquable manque d'unité ;  Fenioux merveille indiscutable est de dimensions modestes et Aulnay, quoique méritant en tout point le qualificatif d'« église complète», n'a pas l'ampleur de l'abbaye et l'envolée magnifique de ses voûtes.
D'ailleurs ce splendide édifice, qui a si heureusement contribué a glorifier le sol sur lequel il s'élève, ne s'est pas seulement acquis une réputation régionale ; il occupe un rang des plus honorables dans la série des belles églises de France. Son clocher, absolu chef-d'œuvre, a fait l'objet d'une étude spéciale de Viollet-le-Duc dans son " Dictionnaire d'Architecture" et un moulage de son portail, superbe page de sculpture romane, a constitué longtemps l'entrée de la salle du XIIe siècle au Musée du Trocadéro, aujourd'hui Musée de Chaillot.
C'est dire l'importance et la classe de ce monument que la ville de Saintes est fière de posséder.

Restitution

Il s'élève à un emplacement que rien ne semblait devoir désigner au choix des constructeurs. Mais les bâtiments que nous y voyons aujourd'hui n'ont pas été spontanément édifiés en ce lieu. Ils furent le résultat d'entreprises diverses et de campagnes successives. Aux temps les plus lointains il semblerait qu'une première colonie de religieux se soit établie à cet endroit où vers l'an 400 serait mort Saint Martin. Au VIe siècle, Saint Pallais, l'évêque bâtisseur, y aurait fait édifier une chapelle destinée a commémorer le souvenir de ce mort illustre. Puis, autour de cet oratoire se serait, par la suite, constitué un groupement de femmes vouées à la Vierge Marie, groupement qui subsista longtemps.
Avec le XIe siècle commence la période historique dont les faits nous sont à peu près connus. Geoffroy Martel, duc d'Aquitaine et sa femme Agnès de Bourgogne choisirent ce lieu sanctifié pour y fonder une Abbaye régulière de religieuses Bénédictines. En 1047 apparurent les premiers bâtiments de ce monastère et en 1076 eut lieu l'installation de la première abbesse de l'abbaye Royale de Sainte-Marie-aux-Dames de Saintes.
Richement pourvue dès son origine, cette communauté qui compta « dans la longue lignée de ses abbesses crossées et mitrées la fleur de l'armoriai français » groupa dans son sein maintes héritières de maisons nobles, richement dotées et connut une grande vogue. Elle disposa bientôt de ressources et de domaines considérables provenant de donations, d'apports et de libéralités. Les biens recueillis appartenaient en commun à toutes les religieuses et rien n'était aliéné, aucune dépense importante n'était engagée, sans le consentement de tout le chapitre qui compta à certaines époques jusqu'à cent religieuses et plus.

L'abbesse qui prit ultérieurement le nom de " Madame de Saintes " avait pour régir les immenses propriétés de son ordre, un personnel nombreux d'officiers, d'hommes de lois, d'auxiliaires et de serviteurs. Madame de Saintes était avec l'évêque, la plus haute, personnalité de la région.
Une grande partie des énormes ressources de la communauté, passait à l'entretien des bâtiments anciens et à de nouvelles constructions, non seulement à Saintes, mais aussi dans les nombreuses paroisses de sa dépendance. Pendant des siècles on ne cessa guère à l'abbaye Royale de travailler à embellir, à agrandir, à remplacer, ici une chapelle, là une nef, ailleurs un clocher. C'est ainsi que dès 1117, l'église primitive de l'abbaye fut abattue pour faire place à un nouvel édifice plus considérable et répondant mieux aux goûts du siècle. A l'ancienne disposition succéda une innovation rapportée des Croisades et l'on vit l'ancienne nef se couvrir de coupoles majestueuses.

coupole de l'abbaye aux dames de SAINTES

Quelques années plus fard, Agnès de Barbezieux (1134-1174) fit sur les plans de l'architecte A. Bérenger, élever le clocher actuel, partie maîtresse du monastère.

le clocher

Cependant la vie du groupement n'était pas sans histoire. Bien souvent il lui fallut traverser des périodes critiques et faire face à des situations difficiles. Au début du XVe siècle surtout, vers la fin de la guerre de Cent ans, l'abbaye connut des jours particulièrement pénibles. Elle fut à maintes reprises pillée par les Anglais, qui chassèrent les religieuses et réduisirent souvent la communauté " à presque rien ". Les insulaires définitivement chassés de France, la prospérité revint et un cloître fut adossé au mur de l'église. Mais la paix n'apporta qu'une courte trêve. Cinquante ans plus tard, le monastère à nouveau saccagé et brûlé était une des premières victimes des violences calvinistes.

Le couvent
Au XVIIe siècle une période d'accalmie survint , le chapitre en profita pour faire rebâtir les bâtiments conventuels, ceux que nous voyons aujourd'hui. L'accalmie accompagnée d'une ère d'intense activité se prolongea à travers tout le XVIIIe siècle, jusqu'en 1791 où la Révolution balaya l'institution, dispersa les religieuses, s'empara de leurs biens et attribua les bâtiments à l'administration de la Guerre, qui y logea tout d'abord de la cavalerie, plus des régiments d'infanterie.

L'abbaye aux dames de Saintes

L'abbaye aux dames de Saintes

Abbaye aux Dames de Saintes
L'occupation militaire se prolongea jusqu'au début du XXe siècle. En 1925, grâce à l'heureuse initiative d'un actif comité local, bien présidé, l'église fut complètement restaurée et rendue enfin au culte en 1937. De leur côté les Beaux-Arts, avaient en 1899, fait effectuer d'urgentes réparations au clocher.
L'église de l'abbaye-aux-Dames, après des vicissitudes sans nombre, retrouvait donc, avec sa destination, la foule des fidèles et celle aussi des visiteurs et des admirateurs.

Abbaye aux dames de Saintes

Le clocher qui attire et retient d'abord l'attention est malgré la " réelle simplicité de ses lignes absolument pures ", ou peut-être à cause de cette simplicité même, une œuvre d'une totale beauté. Anthyme Saint Paul estime qu'il est " le clocher roman le plus remarquable de toute la région poitevine ", où existent cependant la cathédrale d'Angoulême et Notre-Dame la Grande de Poitiers. Viollet le Duc émet une opinion à peu près semblable et le déclare supérieur à celui de Périgueux.

Clocher de l'abbaye aux dames de SAINTES
Sur une base carrée s'élève un premier étage, dont chaque face est ornée de trois fenêtres en plein cintre;  les arcs, en retrait les uns sur les autres, sont décorés de motifs géométriques et reposent sur des colonnes à chapiteaux historiés. Au-dessus de cet étage règne une plate-forme sur laquelle s'élève une lanterne circulaire surmontée d'une coupole à dôme conique légèrement convexe couvert d'écailles retournées et cantonnée de quatre très beaux lanternons.

Clocher de l'abbaye aux dames de SAINTES

La lanterne est étayée par douze petits contreforts demi-cylindriques entre lesquels s'ouvrent des fenêtres doubles séparées par une colonnette et encadrées dans un même cintre. Les arcs et les chapiteaux sont revêtus de motifs nombreux et variés.

Clocher de l'abbaye aux dames de SAINTES

A la nuit tombante, lorsque le clocher découpe en noir le dessin précis de ses courbes savantes sur le ciel encore clair du couchant, le spectacle est inoubliable et peut charmer l'amateur d'art le plus difficile. Alors celui-ci, comblé quant à la vue, regrettera de ne plus entendre, mêlé à l'angélus du soir, le pur carillon des quatorze clochettes d'argent qui tintèrent si longtemps sous la prestigieuse coupole... avant d'être envoyées au creuset pendant la Révolution.

Façade de l'abbaye aux dames de SAINTES

L'élévation Ouest, souvent réparée, a subi de nombreuses modifications. La façade actuelle a remplacé au XIIe siècle celle qui clôturait la nef de 1047 et s'élevait un peu plus en arrière vers l'Est. Tout le pignon s'est écroulé en 1648. Relevé quelques années plus tard, mais grossièrement rebâti, il a été, en 1937, rétabli dans ses lignes primitives.
Cette remarquable page d'architecture est divisée en trois parties dans le sens de la hauteur par deux corniches et dans le sens de la largeur par deux colonnes montant jusqu'à la base du pignon.


abbaye aux dames de SAINTES

Le grand portail — l'œuvre romane la plus vantée de la Saintonge — est composé d'une archivolte en plein cintre à quatre voussures, portées par des colonnes dont les chapiteaux réunis entre eux et à ceux des portes latérales, forment un bandeau ininterrompu qui traverse la façade.

Porche del'abbaye aux dames de SAINTES
La première voussure est occupée par six anges adorants ; ceux du centre tiennent un médaillon ovale qui porte en relief une main donnant la bénédiction divine ou pontificale (l'abbaye était placée sous la protection directe du Saint-Siège). Sur la deuxième voussure, parmi des enroulements, se détachent l'Agneau Pascal chargé de la croix, symbole du Christ et les quatre évangélistes : Saint Mathieu, Saint Luc, Saint Jean et Saint Marc sous la forme d'un ange, d'un bœuf, d'un aigle et d'un lion. Sur la troisième voussure, quarante quatre figurines debout, groupées trois à trois, semblent représenter des scènes de martyres et sur la quatrième, cinquante quatre vieillards assis se regardant deux à deux jouent de divers instruments ou tiennent dans leurs mains des fioles de parfum figurant les " prières des Saints ". Entre les arcs se déroulent de superbes cordons richement ornés — où se retrouve, entre autres, le " motif de Saint-Eutrope" oiseau de proie aux prises avec un quadrupède — voisinant avec d'autres animaux sans nombre et sans nom entourés de branches, de feuillages et d'arceaux.
Abbaye aux dames de SAINTES
Les arcs des portes latérales et les chapiteaux sont également couverts de scènes diverses  mais beaucoup de sculptures ont subi de graves altérations du fait des intempéries.

Abbaye aux Dames de SAINTES
Le mur Sud de la nef est buté en son milieu par un énorme contrefort de forme très particulière. Ce mur porte de nombreuses traces des modifications successives apportées à l'édifice. Sur le mur Nord, dans une petite niche ménagée dans un contrefort, se remarque une ancienne inscription. Elle se rapporte à l'artiste Bérenger, qui sculpta les pierres de l'église au XIIe siècle.
Inscription de Bérenger à SAINTES
L'inscription est sur trois pierres.

"Hélas cette pierre recouvre les cendres de BERANGER. Il mit son art à construire
ce monastère. Celui qu'une pierre cache, maintenant qu'il est mort, voulait en sculpter
les pierres, et PIERRE auparavant, se servait de ces pierres pour la gloire de DIEU."

 C'est lui l'auteur probable des magnifiques chapiteaux qui ornent ce monument.

Abbaye aux Dames de SAINTES
Le moulage

 Plusieurs pièces, de cette riche collection, sont célèbres et souvent citées, par exemple : le Pèsement des âmes où le démon, sous la forme d'un animal carnassier, pose une patte griffue sur l'un des plateaux ;

Abbaye aux Dames de SAINTES

 l'homme à la jambe de bois qui combat sans peur, bien qu'infirme, un monstre redoutable ; la Trêve de Dieu

Abbaye aux Dames de SAINTES

  le Christ ressuscité, etc... La plupart de ces chapiteaux, dont certains ornent le clocher, ont leur reproduction au Musée des Monuments Français.

Abbaye aux Dames de SAINTES

L'intérieur de l'église a changé maintes fois d'aspect. L'édifice primitif était à trois nefs séparées par deux rangées de six colonnes. Celui du XIIe siècle n'avait plus qu'une nef, mais couverte de coupoles qui s'écroulèrent au cours de l'incendie de 1648. Les coupoles furent alors remplacées par des voûtes sur croisées d'ogives.
Au XVIIIe siècle se dressaient, au milieu du transept, les colonnes de marbre rouge aujourd'hui à Saint-Pierre. Enfin, après la Révolution, l'abbaye muée en caserne fut, par des planchers et des cloisons, découpée en dortoirs, bureaux et magasins. L'abside, défoncée et percée de grandes portes, devint un parc à voitures.
Aujourd'hui, après les très importantes et parfaites restaurations de 1937, l'église rétablie dans son aspect ancien, à peu près telle que l'avaient conçue ses constructeurs romans, présente aux visiteurs un impressionnant vaisseau qui étonne par sa vaste dimension et ses magnifiques proportions.

Abbaye aux Dames de SAINTES

La nef est à deux travées carrées recouvertes chacune d'une coupole sur pendentifs dont les bases seules ont été rétablies. Un arc superbe, flanqué de deux petits passages latéraux, sépare cette nef du transept. Le carré est surmonté d'une coupole sur trompes avec trou à cloches. Le bras Nord sert d'entrée secondaire et une ancienne absidiole, remplacée au XVe siècle par une chapelle carrée, fient lieu de salle de chapitre. Dans les murs du croisillon Sud, des traces de construction du XIe siècle sont encore visibles.
Le chœur, très profond et l'abside voûtée en cul de four ont été entièrement restaurés avec utilisation judicieuse des parties anciennes.
Dans le bras gauche du transept se dressent deux courtes colonnes d'angles surmontées de curieux chapiteaux. 

Ces chapiteaux sont un des plus anciens vestiges d'archéologie religieuse que nous possédions en Saintonge. L'abbé Julien-Laferrière les a fait remonter au VIe siècle. Il est plus vraisemblable de penser qu'elles proviennent de l'église de 1046. Ils n'en sont pas moins remarquables, car les œuvres du XIe siècle sont rares dans notre région.
L'église et le clocher de l'abbaye ont été inscrits sur la liste des Monuments Historiques dès 1840.


(1) Pas plus que les autres édifices de la Saintonge, l'abbaye-aux-Dames n'est « datée ». Aussi les controverses ont-elles été nombreuses au sujet de l'époque exacte de sa construction. Mais un fait est certain, elle n'est pas d' « un seul jet ». Des archéologues consciencieux s'accordent pour estimer que la façade est du deuxième tiers du XIIe siècle et plus précisément des années 1135 à 1148. Le clocher est un peu postérieur.
Le rez-de-chaussée comprend un vaste portail en plein cintre flanqué de deux fausses portes. Au premier étage, une large fenêtre romane coiffée d'un grand arc en demi-cercle est encadrée de deux baies aveugles d'un même dessin. Tous les arcs sont recouverts de dentelures, de rinceaux, de feuillages, d'animaux et de personnages. Cà et là. dans la maçonnerie sont insérées des sculptures provenant de l'ancienne église ou subsistant d'une ancienne décoration. A son origine, le bandeau qui surmonte les deux fausses portes, était garni d'une frise de statues représentant des Saints et des Saintes. Une grande statue équestre occupait l'une des baies du premier étage. Deux autres personnages se dressaient aux extrémités de la corniche qui sépare l'étage central du pignon. Il n'en reste plus qu'une moitié à droite, dont les détails révèlent une œuvre d'excellente facture. Un beau cartouche aux armes de l'abbesse Françoise de la Rochefoucauld, orne le milieu du fronton.

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Fin du texte de Charles CONNOUË

VOIR les PHOTOS du CLOCHER


A qui étaient destinées ces sculptures sur cette splendide lanterne des morts ?


Le clocher de l'abbaye aux dames de Saintes

Le clocher de l'abbaye aux dames de Saintes


  Quelques mots sur le léonin du clocher 

La jambe de bois du clocher de l'abbaye aux dames



Sur la médecine de l'époque :

Cette prothèse est rare, en effet au XIIe on trouve plus souvent la prothèse dite de "Cordoue"
Voir l'église de Colombiers à quelques kilomètres de Saintes ( ou bien sur ce site) où elle est représentée.
Sur le symbole:

Les sculpteurs représentent des scènes en rapport avec la " marche vers le ciel" qui est la grosse préoccupation de l'époque.
De nos jours c'est la santé qui monopolise les moyens, à l'époque c'est le soucis d'avoir une âme en bonne santé pour gagner le paradis.
Les boiteux et les culs de jatte sont ceux qui ont un handicap pour "marcher " vers le ciel.

A Colombiers le sculpteur représente un personnage en lutte intérieure entre une partie de lui-même qui refuse le péché et l'autre qui n'y tient pas ! L'un supplie de pouvoir continuer, l'autre lui tape sur la tête !
Ici c'est aussi une scène de combat intérieur spirituel, l'handicapé tente de se débarrasser de son vice: la force virile qu'il n'arrive pas à maîtriser.

Certains ecclésiastiques contemporains ont aussi ce soucis ...



(Le moulage d'un chapiteau de Béranger le sculpteur de l'abbaye aux dames de Saintes)

Vous comprenez à présent pourquoi c'est la patte (les actions) du léonin (symbole de la force virile ou vitale) qui essaie de faire pencher la balance...
tenue par le chef des milices du ciel...

Le clocher de l'abbaye aux dames de Saintes
Le léonin symbole de la force virile en pleine maîtrise de lui-même adoubant un feuillage orienté
vers le ciel, de sa patte (ses actions)
 L'extrémité de sa queue est en feuilles grasses orientées aussi vers le ciel, elle n'est plus lancéolée.

Le léonin en maîtrise est l'invention des sculpteurs du XIe

Si l'initiation au décryptage des chapiteaux de l'époque vous intérresse, voyez sur ce site "symboles


Voir l'ALBUM JQ sur le CLOCHER

Vers le descriptif de l'église basse Saint-Eutrope de Saintes

Vers le descriptif de l'église haute Saint-Eutrope de SAINTES

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