"Estat si com òm esperdutz"
Canso de Bernard de Ventadour
Extrait du disque "Chansons des troubadours"
SM 30 1043 avec leur aimable permission.

Chant: Gérard  LE VOT, Luth médiéval: Jean-Claude TRICHARD

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Estât ai òm esperdutz
Per amor un lonc estatge,
Mas èra'm sui reconogutz
Qu'eu avia fach folatge;
Qu'a totz èra de salvatge,
Car m'èra de chan recrezutz;
Et on eu plus estera mutz,
Mais feira de mon damnatge.

A tal dômna m'èra rendutz
Qu'anc nom'amèt de coratge,
E sui m'en tart aperceubutz,
Que trop ai fach lonc badatge,
Oi mais segrai son usatge :
De cui que'm vòlha, serai drutz,
Et trametrai per tot salutz
Et aurai mais còr volatge.

J'ai été bien longtemps
un homme éperdu d'amour,
mais maintenant j'ai pris conscience
que j'avais commis une folie;
car j'étais sauvage envers tous
en ayant renoncé à chanter;
et [je savais que] plus je resterais muet,
plus je contribuerais à mon dommage.


Je m'étais donné à une dame
qui ne m'aura jamais de tout cœur,
et je me suis aperçu tard
que j'avais trop longtemps perdu mon temps.
A l'avenir je sui­vrai son exemple ;
 je serai l'amant de celle qui le voudra,
j'enverrai partout des lettres d'amour
et mon cœur désormais sera volage.

Fils du boulanger du château de Ventadour, Bernard fut protégé par le sei­gneur des lieux Eble II,
avant que de se rendre en Normandie, où il bénéficiera de l'appui de la reine Aliénor d'Aquitaine.
 Comme Bertrand de Born, il mourut au monastère cistercien de Dalon (Dordogne).

Bernard était l'un des maîtres du trobar leu, un style poétique où le sens simple et clair s'unit à la fluidité du chant et des sonorités du poème.


Source: disque vinyl STUDIO SM N° 30 1043
( Avec l'autorisation de ADF BAYARD MUSIQUE  du 25 juillet 2013)
WWW.adf-bayardmusique.com


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